Mille femmes blanches – Les carnets de May Dodd

Roman de Jim Fergus.

En 1875, Little Wolf, chef des Cheyennes, se rend à Washington pour discuter de l’avenir de son peuple. Il demande au gouvernement américain d’envoyer mille femmes blanches dans sa tribu contre mille chevaux. Il s’agit de faire la paix avec les Blancs et de permettre aux descendants des Cheyennes de s’intégrer dans la société américaine. « Les clauses de notre contrat ne nous obligent à donner naissance qu’à un enfant seulement, après quoi nous sommes libres de partir ou de rester. En cas d’impossibilité de concevoir, nous sommes tenues de demeurer auprès de nos conjoints deux années entières, au terme desquelles nous ferons ce que nous voudrons… C’est du moins la version des autorités. Il n’a pas manqué de me venir à l’esprit que nos futurs maris n’entendront peut-être pas les choses de cette oreille. » (p. 44) En dépit du scandale que soulève cette demande, une centaine de femmes intègrent le programme. Il y a des femmes tirées de prisons ou d’asiles, des endettées, des femmes à la réputation perdue et quelques volontaires. On suit cette histoire grâce à May Dodd qui a fui l’asile dans lequel sa famille l’avait fait interner.

Que je me suis ennuyée !!! Pourtant, j’aime les histoires du grand Ouest américain et je suis sensible aux drames qui ont fait disparaître la culture et la population amérindienne. Mais ici, le procédé narratif n’a pas pris. Le voyage, l’intégration des femmes et le quotidien nomade auprès des Cheyennes sont racontés par May Dodd qui tient des carnets, à la fois journaux intimes, chroniques et lettres hypothétiquement adressées à plusieurs interlocuteurs. May Dodd a réellement existé et ses carnets ont effectivement été retrouvés par un de ses descendants. Hélas, le portrait qu’en fait Jim Fergus est insupportable et May Dodd est un agrégat de clichés romanesques. Elle se révolte contre l’injustice, se montre pleine de courage et de sagesse, elle a toujours de la chance et elle se pose en exemple à suivre. Bref, cette héroïne aux traits forcés n’a pas attiré ma sympathie, d’autant plus qu’elle ne cesse de se présenter en victime innocente de ses désirs. Screugneugneu, soit elle les assume et elle les vit pleinement, soit elle les réfrène et elle nous fiche la paix !

Il me reste de cette lecture une réflexion sur la valeur des femmes, ici échangées comme des marchandises sous le couvert d’un contrat faustien. L’expérience sociale et humaine est intéressante, même si l’on sait déjà qu’elle tournera court puisque le peuple indien va disparaître des grandes plaines déjà vidées des bisons. « Si on leur avait fichu la paix, tout irait bien. Si les Blancs les laissaient tranquilles, arrêtaient de leur mentir, de leur donner du whiskey, tout se passerait comme il faut. » (p. 276) Il faut prendre l’histoire de May Dodd comme une légende, une allégorie.

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