Le mépris

Roman d’Alberto Moravia.

Quatrième de couverture : Vivant dans une modeste chambre meublée, Richard et sa femme, Émilie, durant les deux premières années de leur mariage, ont vécu heureux dans un accord charnel exaltant. Puis l’occasion s’offre de changer de vie : Richard se voit confier par le producteur Battista la rédaction d’un scénario de cinéma. Or, c’est au moment où l’écrivain consent à prostituer son talent par amour sa femme que celle-ci devient étrangement distante et décide de faire chambre à part. Non seulement elle ne l’aime plus mais déclare le mépriser. Dans la somptueuse villa de Capri où Richard travaille avec le metteur en scène Rheingold à un film sur L’Odyssée, le drame de ces êtres unis par l’amour et séparés par leur individualité atteint son paroxysme.

J’avais lu ce roman quand j’avais 12 ou 13 ans et je m’étais profondément ennuyée. Sans aucun doute, j’étais trop jeune pour cette lecture. Il y a peu, j’ai vu le film de Jean-Luc Godard qui s’ouvre sur une scène où Brigitte Bardot, nue, demande à son mari s’il aime ses mains, ses seins, ses fesses, etc. Là encore, un ennui marqué même si j’ai été éblouie par les paysages italiens noyés de soleil liquide et brûlant. Quand mon club de lecture a choisi de découvrir ce roman, j’ai pensé que je pourrais dépasser mon impression première et découvrir les qualités de ce livre qui m’avait échappé. Peine perdue, les écrits de Moravia ne semblent pas fait pour moi. Confer mon avis sur La Ciociara.

« Émilie me semblait absolument sans défauts et je crois que je paraissais tel à ses yeux. […] L’objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l’aimer et à ne pas la juger, Émilie au contraire découvrit ou crut découvrir certains de mes défauts, me juger et, en conséquence, cessa de m’aimer. » (p. 5 & 6) Pour Alberto Moravia, l’amour dure deux ans et la frugalité heureuse des débuts fait place au mépris devant la perspective d’un profit sans gloire. En 300 pages (dans mon édition), on voit comment l’idylle glisse vers la réalité et se fracasse sur ses contours acérés. C’est un sujet assez commun en littérature et le traitement qu’en propose Alberto Moravia ne me convainc pas. Je ne comprends pas l’acharnement de Richard à comprendre les raisons du mépris de sa femme, encore moins ses illusions de retrouver l’amour d’Émilie. « Tu veux pousser les choses au pire… Voilà ce que tu veux ! / Tu admets donc que cette vérité ne me fera pas plaisir ? » (p. 127) Il se complaît dans un entre-deux parfaitement agaçant et refuse d’affronter la réalité, cherchant sans cesse des explications alambiquées à l’attitude pourtant manifeste de son épouse. « L’idée ne m’effleura pas que si elle n’éprouvait pas le besoin de se cacher, c’est que j’étais son mari et non un étranger. J’étais si convaincu de ne pas exister pour elle, du moins au point de vue amoureux, que j’interprétai naturellement son geste ambigu comme une preuve de mon néant. » (p. 247)

Richard m’a été antipathique tout au long du récit, tout comme Battista qui est un personnage tout à fait odieux. J’ai davantage de sympathie pour Émilie qui, en dépit de son attitude souvent brusque, est la seule personne honnête et franche de ce drame bouffon. Voilà une relecture ratée et j’en resterai là pour Moravia.

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