À Peakwood, personne ne parle de l’accident de bus scolaire qui a eu lieu dix ans auparavant. La tragédie n’a fait que deux victimes : les autres passagers du bus sont bien vivants, mais seulement au prix d’un rituel indien très mystérieux. « Il y a des gens qui devraient être morts, mais qui continuent pourtant de marcher. Un blasphème à la vie elle-même. […] Des enfants sont morts, des petits et des grands. Partis dans la grotte, ils se sont relevés tels des revenants et ont continué de vivre là où leur destin n’existait plus. Normaux dehors, mais en décomposition dedans. Les renvoyer vers la terre, c’est ce qu’il faut faire. » (p. 96) Quand certains habitants de la ville commencent à se comporter étrangement et que des plaies apparaissent de façon incompréhensible sur le corps des accidentés, Chayton, le médecin de la ville, et son père, chaman indien, comprennent que quelqu’un a parlé et a révélé le secret de cette terrible nuit. « Cette blessure qui se rouvre… c’est la mort qui veut vous récupérer. Et si vous ne m’écoutez pas, elle a de sérieuses chances d’y parvenir. » (p. 253) Alors qu’un blizzard s’abat sur Peakwood, Chayton sait qu’il a peu de temps pour trouver la fuite, conjurer le démon et réparer les ultimes erreurs des protagonistes de l’accident de bus.
Ce roman n’est pas déplaisant, mais aie aie aie… j’ai fait l’erreur de le comparer à Simetierre de Stephen King. Le vainqueur par KO est le roi de l’épouvante ! L’intrigue semble vouloir dissimuler un secret qui a été à moitié dévoilé à la vingtième page : assez difficile ensuite de maintenir le suspense et de nourrir l’angoisse qui naît de l’inconnu. En outre, il y a un peu trop de personnages caricaturaux dans ce roman : des adultes plus ou moins alcoliques ou dépressifs, des lycéennes pestes, des adolescents souffre-douleur et leurs bourreaux en blouson de football, un jeune garçon avide de sexe et de violence, un petit génie, etc. Cela dit, le texte de Marty Rod reste d’assez bonne facture. « Dans l’obscurité se cachaient des forces maléfiques qui riaient de ce que les parents racontaient à leurs enfants. Ils étaient réels, les monstres étaient réels. Dissimulés aux regards de tous, ils attendaient d’être libérés de leur prison pour atteindre la lumière. » (p. 306) Mais je pense qu’il faut être américain pour saisir tout l’enjeu des malédictions et des pratiques chamaniques amérindiennes : culturellement, c’est difficile à appréhender pour un Européen. Sur cette analyse de comptoir, je vous laisse pour ouvrir un autre roman du King.