Dimitri et Aliocha Koulechov étaient élèves à la Cité du cinéma, l’école de Luc Besson. Le cinéma, c’est leur passion. Faire un film, leur obsession. « Mais le cinéma, il ne suffit pas de le vouloir, c’est comme l’amour, il faut qu’il veuille de vous. Et s’il veut pas, hein, s’il veut pas ? » (p. 11) Là où le bât blesse, c’est du côté du portefeuille : quand vous êtes deux frangins inconnus, ce n’est pas facile d’avoir les moyens pour embaucher des stars et payer tout un tournage. Dimitri et Aliocha ne se sont pas laissés démonter. Et c’est derrière les barreaux qu’ils racontent leur formidable escroquerie. « D’accord on est en prison, mais on a fait un film tout seuls, sans un sou, avec une star, et même deux. » (p. 14) Pendant le Festival de Cannes, les deux frères terribles rencontrent Gérard Depardieu et Catherine Deneuve et ils invoquent Jean-Luc Godard pour inciter la deuxième à accepter de tourner dans leur film. Le scénario est simple : tourner une scène de braquage avec l’actrice. Mais, sans le savoir, l’actrice devient complice. Et voilà une arnaque montée comme un script !
Ce roman est un enchaînement de grands noms du septième art, de palaces cannois et de références culturelles en tout genre. Une fille et un flingue, pas de doute, je voudrais le voir au cinéma, comme une mise en abîme de la mise en abîme. « Alors on tourne un livre, c’est caméra-stylo, on filme les mots qu’on dit comme si on les écrivait, et on remplit la page, en attendant de la tourner. » (p. 32) Le crime des frères Koulechov est parfait, ou presque puisqu’ils sont en taule quand le livre commence. Les chapitres sont courts, comme des prises, caméra à l’épaule ou téléphone à la main puisqu’il faut bien utiliser les nouvelles technologies. Est-ce qu’Ollivier Pourriol aura un prix pour son livre ? Et pourquoi pas un César ? Meilleur scénario original !