Le maître des illusions

Roman de Donna Tartt.

Bunny est mort. Henry, Francis, Charles, Camilla et Richard étaient présents. Que s’est-il passé dans la forêt derrière l’université de Hampden ? Pour le comprendre, Richard reprend l’histoire là où elle a commencé, quand il est arrivé à Hampden, qu’il a intégré la classe très sélective du professeur Julian Morrow et qu’il a rencontré les cinq élèves. « Je n’ai jamais rien eu de commun avec aucun d’entre eux, rien sinon ma connaissance du grec et l’année que j’ai passée en leur compagnie. Et si l’amour est quelque chose qu’on a en commun, je suppose que nous l’avions en commun, mais j’imagine que cela peut paraître bizarre au vu de l’histoire que je vais vous raconter. » (p. 14) Bien qu’il s’intègre au groupe, Richard sent que ses camarades lui cachent des choses et qu’ils se renferment à son contact. Un jour, Henry lui révèle le secret qu’il dissimule avec Francis et les jumeaux Charles et Camilla, secret que Bunny a découvert et qu’il menace de révéler. « Qui étaient ces gens ? À quel point les connaissais-je ? Pouvais-je leur faire vraiment confiance, au fond ? Pourquoi m’avaient-ils choisi, entre tous, pour tout me dire ? » (p. 189) Alors que l’hiver s’est abattu sur le Vermont et qu’il pétrifie tout par le froid et la neige, la situation devient intenable. Bunny va-t-il parler ? Henry et les autres ne peuvent pas le laisser faire. Et voilà donc, comme annoncé au début, que Bunny est mort. Comment, désormais, vivre avec ce fardeau et dissimuler l’atroce vérité ? Heureusement, ou peut-être pas, Henry semble avoir toujours la solution. « Tu sais ce qui m’étonne ? […] Pas qu’il nous dise ce qu’on doit faire. Mais qu’on fasse toujours ce qu’il nous dit. » (p. 406) Henry, comme un certain dieu grec, est le maître des illusions.

Je m’étais profondément ennuyée avec Le chardonneret, mais Le petit copain m’avait emballée. Pour Le maître des illusions, c’est un entre-deux. La première partie est absolument fascinante. Tout est raconté du point de vue de Richard dans un récit a posteriori dont l’enchaînement logique se déploie lentement. Ce ne sont pas des aveux, ni une confession, mais on sent bien que Richard soulage son âme en reconstituant de vieux événements qui le hantent. La deuxième partie du roman m’a semblé un peu longue : les choses s’éternisent jusqu’au dénouement, mais cela permet toutefois de révéler les rapports malsains qui existent entre les personnages. Je retiens l’épisode des funérailles qui est un morceau sordide époustouflant. Le maître des illusions est un bon roman à suspense, dans cette atmosphère universitaire qui me plaît tant. Nostalgie, quand tu nous tiens…

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