Efface toute trace

Roman de François Vallejo.

Plusieurs collectionneurs d’art sont retrouvés morts, à Hong-Kong, New York et Paris. L’Expert qui mène l’enquête va de surprises en déconvenues, à mesure que chaque nouvel indice soulève toujours plus de mystères. « Mon projet de n’établir que des faits assurés est une fois de plus mis à mal. Le flou idéologique s’en empare aussitôt et anéantit toute tentative d’interprétation. » (p. 22) S’agit-il d’un règlement de compte sur fond de drogue, d’une vengeance par jalousie ou d’un complot ? Un point commun se dégage finalement : toutes les victimes ont acheté une des œuvres de jv, artiste adepte du détournement et insaisissable. « Le doute s’était installé en moi sur l’existence même de ce plasticien supposé, jv, à peine un nom, au mieux un prête-nom pour des pseudo-œuvres fracassées sitôt que connues ou, si elles échappaient à l’anéantissement, évoluant dans les circuits commerciaux virtuels, aussi insaisissables que de purs produits financiers. » (p. 116) Quelle n’est pas la surprise de l’Expert quand jv prend directement contact avec lui et le nargue par téléphone ! Chaque mot de l’artiste invisible est à mettre en doute, et le rapport au long court de l’Expert est de moins en moins objectif.. jv est-il un affabulateur ? Un tueur en série ? Un illuminé ? « Pour le dire le plus brutalement possible, jv ne sait pas dessiner, jv ne sait pas disposer les couleurs, jv sait à peine graffer, jv ne sait que voler les œuvres des autres, jv ne vaut rien. » (p. 168)

Avec ce nouveau roman, François prend plaisir à balader son lecteur, à lui lancer des pistes tout aussi alléchantes que fausses. Bien malin serait celui qui prétendrait dénouer l’intrigue avant la fin, comme l’Expert en fait ! « Toujours à la traîne, les experts du monde entier… Ils commentent savamment ce qu’ils comprennent le moins… C’est dingue… Comme les critiques, les spécialistes de n’importe quoi… Plus retardataires, je vois pas… » (p. 203) Du l’art japonais traditionnel au street-art de Keith Haring en passant par la philosophie de Nietzsche, jv est un personnage étonnant qui interroge le rapport à l’œuvre artistique, sa possession et sa disparition. « Personne croit qu’on peut se faire tuer pour de l’art ou en crever. » (p. 243) Hélas, si le sujet m’intéressait beaucoup, je n’ai pas apprécié la forme. Certains passages sont inutilement verbeux et alambiqués à mon sens. Lecture à demi manquée, donc ! Du même auteur, je vous conseille fortement Les sœurs Brelan.

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