Quatrième de couverture – Matthias Sindelar fut l’avant-centre génial de la Wunderteam, la grande équipe historique de l’Autriche. Il fut surnommé l’« homme de papier », pour son physique chétif et son art de franchir les murs de défenseurs, là où ne pouvait passer qu’un bout de papier. La Vienne du début du XXe siècle est la métropole intellectuelle du monde. Sindelar côtoie les cercles ouvriers et les cafés peuplés d’intellectuels. Il joue au football dans un pays qu’écrase la montée des organisations fascistes, les grognements d’une guerre civile à venir et les tensions avec l’Allemagne. Sa popularité a fait de lui le représentant adulé du football, cet art collectif qui se crée et s’abolit dans l’instant. Il personnifie le jeu et chacun comprend que dorénavant la beauté a une durée : une heure trente, le temps d’un match. Après l’invasion allemande, pour un match de gala auquel assiste Hitler, Sindelar porte la Wunderteam qui domine la Mannschaft, l’équipe nationale allemande, 2-0. C’est une humiliation et un acte de résistance. Le 23 janvier 1939, on retrouve son corps inanimé avec celui de sa compagne, juive, apparemment asphyxiés par une cheminée défectueuse.
« Matthias Sindelar ne peut pas savoir qu’il inventera un autre vocabulaire, celui du football, ce jeu universel, mais qu’il n’apprendra jamais la syntaxe de l’amour. » (p. 12) Je n’avais jamais entendu parler de Matthias Sindelar. Olivier Margot raconte joliment l’histoire de cet artiste du football, au jeu novateur et élégant. De sa jeunesse à sa mort très suspecte, le sportif a mené une vie simple auprès des siens, toujours fidèle à sa famille et à ses amis, même juifs. Surtout juifs. « Cet enfant du Lumpenprolétariat a fasciné l’élite viennoise, les écrivains, les acteurs, les architectes par sa prestance, son charisme, sa curiosité, sa créativité, au point d’entrer malgré lui dans cette aristocratie intellectuelle. Et il a résisté aux nazis. Et son refus de l’exil l’a conduit à la mort. » (p. 277)
J’aurais voulu apprécier autant cette biographie que celle de Takeichi Nishi, Briller pour les vivants. Hélas, la plume d’Olivier Margot m’a moins séduite que celle de Jérôme Hallier. Des répétitions étranges, parfois au mot près, brisent le rythme de lecture et donnent l’impression d’un texte qui ne progresse pas, qui revient sur ses pas sans raison valable. Dommage !
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2020.