Moi les hommes, je les déteste

Essai de Pauline Harmange.

« Je ne suis pas la seule à qui on reproche régulièrement de détester les hommes : nombreuses sont les féministes et les lesbiennes à avoir été accusées d’un tel affront. Remettre en cause le pouvoir des hommes et ne pas ressentir d’attirance pour eux, ça ne peut être que de la haine, n’est-ce pas ? » (p. 9 & 10) Sur ce constat s’ouvre le court et brillant texte de l’autrice. À l’instar de la misogynie, existe-t-il une haine des hommes, de la misandrie ? Oui, mais…« Ce n’est pas un système organisé à tous les étages pour rabaisser et contraindre les hommes. » (p. 10 &11) Contrairement à la misogynie et au patriarcat. OK, la misandrie blesse l’ego (décidément bien fragile) des hommes, mais cette atteinte est sans commune mesure avec les violences faites aux femmes, psychologiques et physiques, parfois jusqu’à leur mort. « On ne peut pas comparer misandrie et misogynie, tout simplement parce que la première n’existe qu’en réaction à la seconde. » (p. 36)

« En ouvrant les yeux sur la profonde médiocrité de la majorité des hommes, il n’y a plus vraiment de raison de les aimer par défaut. » (p. 21) Est-ce à dire que les femmes sont parfaites ? Absolument pas ! En revanche, il est certain qu’elles doivent se faire davantage confiance et cesser de se laisser plus longtemps aveugler par leur prétendue infériorité. « Ne pas accorder d’importance aux hommes nous permet d’embrasser du regard leur profonde incompétence, et d’oser leur passer devant. » (p. 60) Elles doivent également refuser de se soumettre au cliché de la femme douce et compréhensive : ce ne sont pas des qualités strictement féminines, mais imposées aux femmes pour les faire taire, les cantonner à un rôle d’écoute et de soutien, jamais d’action. « Notre misandrie fait peur aux hommes, parce qu’elle est le signe qu’ils vont devoir commencer à mériter notre attention. » (p. 42) Les femmes ont le droit d’être en colère et de se faire entendre aussi fort que les hommes. Non, ce n’est pas de l’hystérie. Et non, ce n’est la faute de nos règles (mais méfiez-vous quand même de la force du SPM…).

Je pourrais recopier ici des pages entières de la démonstration de Pauline Harmange. Son propos est simple et clair, efficace et tellement libérateur. Avec une ironie décomplexée, l’autrice remet les points sur les i et invite à une misandrie salutaire, même salvatrice. Et cette même misandrie mène à la sororité, puissance qu’il est largement temps d’exploiter et de faire fructifier pour le bien commun. « On ne peut pas être de bonnes amies pour les femmes de notre entourage en laissant les hommes sur leur piédestal immérité. » (p. 70)

Quelques extraits pour finir… et je vous invite vivement à lire cet ouvrage. Vous n’en retirerez que du positif, que vous soyez femme, non-binaire ou homme.

« Tout le temps qu’ils passent à pleurer sur leur sort de pauvres mecs persécutés, ils esquivent habilement leur devoir : celui d’être un peu moins des purs produits du patriarcat. » (p. 13)

« Il suffit pourtant que le type en question fasse ses preuves et montre sa bonne volonté pour que nos sentiments les plus hostiles se calment. » (p. 16)

« Il y a des moments où faire des généralités n’est pas un raccourci facile, mais une simple description de la réalité. » (p. 40)

« Toujours se demander, quand on est submergé de doute : que ferait un homme médiocre ? » (p. 59)

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