Les années heureuses

Journal de Cecil Beaton.

Quatrième de couverture – En 1944, le célèbre photographe de mode et portraitiste Cecil Beaton est envoyé à Paris par le Ministère de l’Information, à l’occasion d’une exposition de photographies de guerre montrant les ravages du « blitz ». Pendant son séjour parisien, il renoue avec Picasso et fréquente tout un cercle de personnalités du monde de l’art comme André Gide, Jean Cocteau et Gertrude Stein. La guerre terminée, Beaton devient designer et travaille pour le cinéma. En 1946, il s’envole pour New York où il croise une femme qu’il avait rencontrée une seule fois, dix ans auparavant. Cette femme n’est autre que Greta Garbo et Beaton tombe éperdument amoureux. Sous la forme d’un journal intime, voici le roman vécu d’un amour exceptionnel, puisque l’héroïne, vedette de cinéma internationale, accepte de se livrer sans mystère à son photographe d’adorateur. Outre Garbo, dont l’auteur nous révèle avec passion le visage, quantité de personnalités défilent dans les carnets de Cecil Beaton : de Gaulle, Churchill, Colette, Charlie Chaplin, etc. La vie de ce dandy anglais qui connut toutes les réussites a ceci de fascinant qu’elle mêle les artistes les plus cotés de l’époque aux figures politiques, aux mondains et aux stars de cinéma, avec un sens parfait de la prise de vue : on se laisse entraîner avec enthousiasme par ce ballet de portraits mouvants.

Le sous-titre du livre tient en deux dates, 1944-1948. On pourrait trouver paradoxal de qualifier d’heureuses 5 années, dont 2 en période de guerre. « Nombreux sont les Parisiens qui ne se sont pas encore remis des effets de l’occupation allemande. Leurs souffrances leur avaient appris à fermer les yeux devant la réalité ; ils ne se sont pas tout à fait réveillés. Pour ceux à qui l’on avait enseigné pendant quatre ans à défier l’ennemi en contrevenant aux lois, il est difficile de concevoir soudain que les lois et les règlements doivent être respectés. » Et pourtant, le journal de Cecil Beaton montre des voyages, des rencontres, des amitiés et une passion certaine pour la photographie. Dans un style fluide, mais soigné, il raconte ses séjours à Paris, Londres ou New York, son travail pour des opéras, mais surtout sa relation intense avec l’immensément belle et fantasque Greta Garbo. « Devant Garbo, l’air me manqua comme si quelqu’un avait brusquement ouvert la porte d’un haut fourneau. La chaude intensité de son regard, l’éclat de son rayonnement, son sourire me bouleversèrent au point que je dus me cramponner au dossier d’un fauteuil. » Pas facile d’être l’amant d’une telle femme, d’autant plus quand la relation est entrecoupée de séparations et de périodes de froid.

Huit portraits ponctuent le récit : je n’en cite pas les figurants et vous laisse découvrir le très beau travail de Cecil Beaton derrière l’objectif. Cette brève lecture me laissera un souvenir charmant, celui des albums photo aux couleurs passées qui retracent une époque révolue.

Ouvrage lu dans le cadre du Prix « Écrire la photographie » organisé par la librairie lilloise Place Ronde.

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