Jacqueline Salmon, une vie réfléchie

Texte de Sylviane Van de Moortele.

Au fil des entretiens avec l’artiste, l’autrice a entrepris la biographie de cette photographe qu’un accident de cheval aurait pu briser pour toujours quand elle avait 30 ans. Remise sur pied – et c’est le cas de le dire – grâce à la danse classique, Jacqueline Salmon a commencé par photographier les scènes et le spectacle vivant, puis l’architecture dans un genre tout à fait moderne. Figure incontournable de la scène artistique lyonnaise de la fin des années 1970 et des années 1980, Jacqueline Salmon est désormais connue dans toute la France et au-delà.

« La photographie me rassemble, elle me donne une identité. Longtemps j’ai été perçue comme quelqu’un qui ne savait pas choisir. Or tout est important pour moi. Mais on n’est pas crédible quand on s’intéresse à trop de choses. La photographie donne l’illusion que j’ai fait un choix, ce qui n’est pas vrai puisque tout continue à m’intéresser, la botanique, la littérature, la philo, l’architecture, l’histoire… Simplement, tout est soudain rassemblé sous ce mot magique : “Photographe”, avec lequel on peut enfin vous caser. J’ai trouvé cela très équilibrant, pas seulement pour l’image que cela donnait de moi, mais pour moi, tout simplement. » (p. 54)

Esprit curieux, acharné dans les recherches et éclectique, l’artiste ne s’est pas laissé enfermer dans un genre et ou une activité. Tour à tour commissaire d’exposition, organisatrice de festival, écrivaine, enseignante, elle touche à tout avec bonheur et un succès certain. « De la scénographie d’exposition, c’est presque naturellement que Jacqueline passe à la scénographie d’opéra, rejoignant ainsi sa passion de la musique et du piano. » (p. 39) Elle a publié des ouvrages d’art, participé à des résidences renommées, travaillé avec d’autres artistes et mené d’innombrables projets en parallèle les uns des autres. Infatigable et sollicitée partout, elle se lance avec enthousiasme dans de nouveaux chantiers, des recherches et des réalisations innovantes. « Comme la plupart du temps, elle s’est lancée dans l’aventure sans financement. On touche là à une autre caractéristique de sa manière d’opérer : elle aime réaliser d’abord son travail puis, ensuite seulement, va chercher les soutiens à la production de l’exposition et/ou du livre. » (p. 51) Botaniste amateure, Jacqueline Salmon a même produit un ouvrage d’art sur les légumes ! Son œuvre se nourrit aussi de sujets sociaux et politiques et rend hommage à des maîtres comme Andreï Tarkovski et Italo Calvino. « Sa vie reste un monde à découvrir et son émerveillement est contagieux. » (p. 87)

Le texte repose sur une écriture simple, ce qui n’est pas un problème, mais souffre à mon sens d’un rythme dodelinant. Sylviane Van de Moortele passe en revue de tous les projets réalisés par l’artiste, dans une volonté quasi monographique. « Il faut préciser ici que Jacqueline porte peu d’intérêt à ressasser le passé, ses souvenirs sont pêle-mêle, sans chronologie. » (p. 13) Les premières pages s’attachent à l’enfance de Jacqueline Salmon et il est un peu question de sa vie de famille, mais il manque un peu de cœur dans cet ouvrage, alors que je ne doute pas un instant de l’admiration de l’autrice pour la photographe !

Lu dans le cadre du prix Place Ronde – Écrire la photographie, édition 2022.

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