Bande dessinée d’André Hébert et Nicola Otéro. Adaptation du récit d’André Hébert.
En 2015, André Hébert a rejoint le YPG, l’armée du Kurdistan syrien qui se bat contre Daech. Soutenir depuis la France ne suffit plus et, pour être aligné avec ses idéaux, il prend les armes dans le Rojava, cette région de Syrie où se bat le YPG. « Le militantisme me semblait plus tenir lieu de catharsis que d’un véritable acte révolutionnaire. » (p. 9) Aux côtés des Kurdes et de nombreux volontaires internationaux, André Hébert découvre les affrontements incessants, l’adrénaline, les problèmes d’organisation, la perte de frères d’armes, les zones minées et la dépendance au feu des combats. Au sein de différentes factions, il participe à la libération de nombreuses villes, jusqu’à la capitale de Daech en 2017. « Nous continuons de libérer Raqqa, immeuble par immeuble, au terme de périlleuses missions nocturnes. » (p. 94) André Hébert raconte la difficulté de retrouver une place en France après avoir connu la guerre, mais aussi la tentation de se montrer aussi cruel que celui que l’on combat. « Ce qui est important, c’est le nombre de villes que nous libérons, pas le nombre d’ennemis que nous tuons. [..] Les civils sont notre priorité. N’oublie pas le sens de YPG, unités de protection du peuple. » (p. 46)
J’ai apprécié la franchise avec laquelle l’auteur expose son expérience. Il ne se présente pas en héros ni en libérateur : il a agi au nom de ses valeurs révolutionnaires afin de rendre à la Syrie son indépendance, débarrassée du joug fatal de l’État islamique. Sans tomber dans l’excès et la représentation gore, l’ouvrage montre ce qui doit être vu : les plaies, le sang, la mort, les corps, la destruction. Jusqu’à Raqqa n’est pas une lecture facile, mais elle est marquante.