Lady Viviette Constantine vit depuis des années seule, sans nouvelles de son époux parti en Afrique. Sa rencontre avec le jeune Swithin St Cleeve, jeune astronome prometteur, la tire du quotidien morne dans lequel elle végétait. « Swithin s’était dressé comme un médiateur plein de séduction entre elle et le désespoir. » (p. 62) Hélas, outre la différence d’âge, c’est la différence de classe qui les sépare le plus. Tout s’oppose à leur amour : le testament féroce d’un vieil oncle, les conventions sociales, les incertitudes quant à la situation maritale de Viviette, des scrupules paralysants ou encore un frère décidé à arbitrer le bonheur de sa sœur. « Elle se résolut à avoir une conduite digne à partir de ce moment. Elle exercerait un patronage bienveillant sur Swithin sans avoir jamais le plaisir de sa compagnie. » (p. 88)
Comme souvent chez Thomas Hardy, les amours sont empêchées, voire tout à fait impossibles, et les destins sont contraires aux désirs. « Vos yeux désormais seront mes étoiles. »(p. 107) Sous la danse éternelle des astres millénaires, les vies humaines passent comme un soupir. Je retrouve toujours avec plaisir les écrits de Thomas Hardy : il ne prend pas plaisir à malmener ses personnages, mais le/la lecteur·ice ressent profondément tous les tourments qu’il imagine pour les pauvres êtres dont il peuple ses romans, inéluctablement pris dans la médiocrité des sentiments.