On n’ampute pas le cœur

Récit de Matthieu Lartot.

En 2023, Matthieu Lartot est amputé de la jambe droite. Cette opération n’est que la dernière d’une très longue série. Mais avant ça, il y a eu l’enfance et la passion pour le sport, surtout le rugby avec, pendant un temps, la possibilité d’un sport-étude et d’une carrière. « J’aime […] cette injonction silencieuse et permanente au dépassement de soi. Elle me sera bien utile dans l’histoire qui suit. » (p. 20) Hélas, une douleur au genou, apparemment bénigne, dévoile un mal profond, un cancer rarissime. À 17 ans, Matthieu subit ses premières interventions et une longue convalescence. Le sport à haute intensité lui est interdit, mais il a un nouvel objectif : devenir journaliste sportif, et tant pis si sa jambe ne se plie plus et lui impose claudication et douleurs. « Je suis prêt à tout entendre, à tout subir, pourvu que j’aie le bonheur de parler un jour de sport, à défaut d’en faire. » (p. 68) Matthieu intègre France Télévisions, il couvre des événements sportifs dans le monde entier, il fonde une famille. En bref, il fait tout pour vivre au-delà du handicap, un mot dont il ne veut pas entendre parler. Mais voilà, le cancer récidive après 20 ans de répit : cette fois, Matthieu le sait, il ne se bat plus pour rester mobile, mais pour rester en vie ; l’amputation est la seule option.

« Dans un cas aussi sérieux que le mien, l’espoir est une tumeur qu’il faut éradiquer avant qu’elle ne se répande. » (p. 46) Matthieu Lartot est très honnête et lucide quand il avoue qu’il lui a fallu du temps pour accepter le mot « handicap ». La réalité, il la connaît : les douleurs, les stratégies d’évitement, les compensations, etc. Mais le terme, il n’en voulait pas, jusqu’à comprendre que ce n’est pas un gros mot. L’auteur, journaliste incontournable de Stade 2, parle de maladie, de guérison et de résilience avec humilité et courage. Son témoignage est évidemment émouvant : il est surtout profondément humain.

Livre lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2024.

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2 réponses à On n’ampute pas le cœur

  1. Lydia dit :

    Il a du courage cet homme ! Ça force le respect !

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