« L’histoire que vous allez lire raconte les sept derniers jours d’une vie. Cette histoire est un conte à rebours. » (p. 8) Non, il n’y a pas d’erreur dans la citation…
Reprenons : depuis la mort de son épouse, le Docteur a perdu le goût de vivre. C’est décidé, le soir-même, il se tue ! Mais son plan est contrecarré par Sarah, dans le taxi de laquelle il a eu le malheur (ou le bonheur ?) de monter. La vielle femme un peu frappadingue lui demande sept jours. Sept jours avant de mourir. Sept jours pour tenter de le convaincre que la vie n’est peut-être pas finie. Sept jours pour une nouvelle Genèse. « Ne vous êtes-vous jamais demandé, quand on dit que la chance vous sourit, à quoi pouvait ressembler ce sourire ? » (p. 32) Ainsi, pendant une semaine, le Docteur se soumet aux excentricités d’une dame qui semble pétrie de magie et qui suit une logique qu’elle est la seule à comprendre. « Ne craignez pas la tristesse, mon petit, elle est la trace éclatante que quelque chose de beau a existé ! » (p. 117)
Avec ce roman doux comme une écharpe de plumes, Baptiste Beaulieu caresse là où ça fait mal, au creux du cœur, là où palpitent les chagrins et les regrets. Avec des mots simples, il donne à ses personnages le pouvoir de s’aider à vivre et, par contamination, il donne à ses lecteurs le goût de voir la tasse de chocolat chaud à moitié pleine.
D’aucuns m’objecteront que ce roman n’est pas de la grande littérature, qu’il est de ceux qu’on trouve en tête de gondole, qu’on oublie aussi vite qu’on les a lus. Et alors, la tête de gondole est-elle un déshonneur ? Les œuvres de Baptiste Beaulieu sont de la grande littérature parce qu’elles font du bien à l’âme. Du même auteur, je vous conseille la bouleversante Ballade de l’enfant gris. Parce que quoi qu’en disent les plus cyniques, nous avons tous grandement besoin de douceur et de tendresse pour affronter le quotidien.