Texte de Laurent Binet.
Himmlers Hirn heisst Heydrich : voilà pour le titre complet. Reinhard Heydrich, aussi appelé le bourreau de Prague, était responsable de la mise en œuvre de la solution finale pensée par Adolf Eichmann. Joseg Gabcik et Jan Kubis, un Slovaque et un Tchèque, ont fomenté un attentat contre ce nazi à l’existence sulfureuse. Tout cela stimule l’imagination de Laurent Binet. « Cette histoire dépassait en romanesque et en intensité les plus improbables fictions. » (p. 6) L’auteur se documente jusqu’à l’obsession, accumule des informations et des ressources, tire des fils et suit des indices. Les chapitres de son texte alternent entre son propre travail d’écriture et sa recherche d’une part et l’histoire de Reinhard Heydrich d’autre part. « Il me faudra résister à la tentation d’étaler mon savoir en détaillant trop telle ou telle scène sur laquelle je suis documenté. » (p. 16)
Il est rare que j’aime les textes où l’auteur·ice prend le prétexte d’un événement réel pour parler de lui ou elle-même. Ce procédé me semble souvent trop autocentré sur la personne qui tient la plume, le sujet historique étant généralement relégué au second plan, écrasé par l’égo de l’écrivain·e. Ça n’a pas manqué ici : j’aurais préféré un texte qui se concentre uniquement sur l’enquête de l’auteur, plutôt qu’une œuvre où ce dernier comble – avec quelle légitimité ? – les blancs de l’histoire quand ses recherches n’aboutissent pas. Fiction, roman historique et essai historique sont des genres bien distincts, et leur mélange presque toujours indigeste pour moi.
Dommage, car j’ai passé d’excellents moments de lecture avec La septième fonction du langage et Civilizations.
Je voulais le lire à sa sortie et finalement, je suis passée à autre chose et j’ai oublié.