Les léopards de Kafka

Roman de Moacyr Scliar.

Pour honorer la promesse faite à son ami Iossi et afin de faire avancer le combat trotskiste, Benjamin quitte son shtetl de Bessarabie pour Prague. Là-bas, il doit rencontrer un écrivain qui lui remettra un texte qui révélera sa véritable mission. Mais en chemin, Benjamin perd les informations qui lui auraient permis de reconnaître l’homme et de déchiffrer le message. « Tu es arrivé jusqu’ici exactement pour cette raison, pour t’entendre dire qu’il te faut rentrer chez toi, afin d’y trouver une solution à tes problèmes. » (p. 42) Benjamin refuse de décevoir son ami et de trahir la cause. Seul, il essaie de retrouver l’écrivain, puis croyant l’avoir trouvé en la personne de Franz Kafka, de déchiffrer son message pour remplir sa mission. Tout devient indice, tout devient suspect, tout devient sujet à interprétation. Dans sa quête aveugle dans une ville inconnue, Benjamin croise autant d’oracles que de sphinx. « Tout repose sur des correspondances qui n’existent pas. » (p. 89) Des années plus tard, exilé volontaire en Amérique du Sud, Benjamin comprendra enfin la vraie valeur du texte que lui a confié l’écrivain tchèque.

Après Max et les fauves, je découvre un autre texte de l’auteur juif brésilien. La puissance de la mémoire et des souvenirs y a la part belle, tout comme l’indéniable pouvoir – à double tranchant – des histoires : celles qu’on se raconte, celles qu’on entend et celles qui façonnent nos identités. « La fiction est une création qui échappe à tout contrôle. On commence par écrire, par inventer et qui sait où tout cela vous mène ? Et puis, pourquoi écrire des livres ? L’essentiel est déjà consigné dans la Torah ? » (p. 42) Avec un plaisir gourmand, j’ai retrouvé l’histoire du golem créé par le rabbin de la synagogue de Prague, découverte dans L’énigme du fils de Kafka de Curt Leviant. De là à me donner follement envie de relire cet ouvrage, il n’y a qu’un pas que je vais rapidement franchir ! Et je vais aussi reprendre l’œuvre de Franz Kafka que l’adolescence ne m’a pas permis d’apprécier à sa juste valeur.

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