Bande dessinée d’Hubert et Gaëlle Hersent.
Suite directe de Le boiseleur : Les mains d’Illian.
Alors qu’il n’aspire qu’à vivre en paix auprès de ses parents, loin de l’art, Illian est approché par un maître sculpteur. Tullio Hamzari, venu de la superbe cité de Bélizonde tout entière consacrée aux arts, cherche un nouvel apprenti pour sauver son atelier. « L’artiste n’était pas mort en Illian. Il avait même mûri. Son art s’était approfondi, passant de la simple imitation de la nature à son évocation poétique. » (p. 22) Illian se laisse convaincre de quitter Solidor, espérant un jour y revenir avec une renommée suffisante pour prétendre à la main de la fille de son ancien maître, la belle Flora. À Bélizonde, le jeune homme apprend à manier la glaise, le calcaire et le marbre, lui qui n’aime que le bois. Hamzari souhaite présenter son nouvel élève au duel d’atelier qui l’oppose à un ancien camarade. Illian devra surmonter de nombreux obstacles avant de comprendre enfin ce que son talent peut offrir au monde. « La sculpture, c’est l’énergie qui met l’espace en mouvement autour de la matière. Le vide est aussi important que le plein. » (p. 65)
L’épilogue est en réalité l’ébauche que les auteur·ices devaient transformer en troisième et dernier opus. La disparition d’Hubert a empêché la concrétisation de ce projet, mais en quelques planches, Gaëlle Hersent rend hommage à son comparse. Elle esquisse les retrouvailles d’Illian et Flora, bien loin des clichés romantiques qui auraient pu rendre bien banale cette superbe histoire de découverte de soi et d’affranchissement des normes. Je retiendrai que Le boiseleur est une œuvre à quatre mains, unique parce qu’issue d’un double talent, comme le montre si bien la complicité de deux couples d’artistes dans la bande dessinée. Créer est toujours un miracle, produire du beau est une forme de magie : le faire à deux est un enchantement d’autant plus précieux.