
Tome 1 : La migration annuelle des nuages
Roman de Premee Mohamed.
Reid a enfin rejoint l’université de Howse. Sur place, c’est presque trop beau, on lui administre un traitement qui désactive le cad, ce symbiote qui la protège autant qu’il la ravage. Reid ajoute une nouvelle ligne à sa promesse de retourner à Edmonton après ses études : elle rapportera le traitement pour soigner ses proches. À l’université, elle côtoie des jeunes venu·es comme elle de régions dévastées, mais aussi des adolescent·es qui n’ont jamais rien connu d’autre que la richesse et le confort d’Howse. Reid ne comprend pas pourquoi cette communauté ne partage pas ses ressources et sa technologie avec le reste du monde. « Peuvent-ils nous en empêcher ? De fonder un… un club, une association étudiante, un truc comme ça ? Pour apporter notre aide à l’extérieur ? / Tu verras bien. » (p. 32) Les mois passent, Reid apprend beaucoup, mais le nombre de ses questions ne fait que croître : aurait-il été possible d’éviter l’effondrement, voire l’épidémie de cad ? L’adolescente refuse d’accepter que certain·es peuvent tout avoir et que d’autres doivent se contenter de survivre. « Avec de la prudence, avec beaucoup d’argent, on pouvait acheter un refuge où s’installer confortablement pour regarder le monde extérieur s’arrêter par à-coups à mesure que toutes les ressources qu’on aurait accaparées venaient à manquer à l’humanité. » (p. 41)
Outre les nombreuses références à Watership Down qui m’ont ravie, ce court roman est riche d’une réflexion humaniste sur l’écologie, la solidarité et les méfaits du confort technologique. « Tous les morceaux du monde…. Ce n’est pas de notre faute s’ils n’ont jamais réussi à les rassembler. Tout est toujours là. Il suffit de les ramasser. » (p. 79) J’ai hâte que la suite (et fin ?) de cette histoire paraisse : l’épopée de Reid m’émeut autant que le diptyque de Becky Chambers, Histoires de moine et de robot.