
Roman d’Herbjorg Wassmo.
Sanne est une autrice en perte d’inspiration, quelque peu meurtrie par le succès mitigé de ses livres. Ses nuits convoquent souvent le même cauchemar, ce souvenir de cave quand elle était enfant à l’orphelinat. Heureusement, il y a Frank, son amant. Heureusement ? Peut-être pas, tant l’homme, marié et père de famille, fait peu de cas de la jeune femme et la sollicite uniquement selon son bon plaisir. Voilà qu’arrive Frida : cette inconnue semble tout savoir de Sanne et elle est bien décidée à la secouer de son quotidien morne et sans perspective. « Il existe dans la vie d’autres choses que Frank. Il est un virus. Il te faut une bonne suée pour t’en débarrasser. Ou encore t’en servir sans être sous son contrôle. […] Si tu lui donnes un rôle secondaire dans ton livre, il perdra de son pouvoir sur ta vie. En fait, tu peux faire de lui exactement ce que tu veux. » (p. 55) Profitant d’une manne inattendue, Sanne et Frida quittent la Norvège et se lancent dans un extravagant voyage à travers l’Europe. Frida veut pousser son amie à vivre, et surtout à écrire. Mais pour ça, Sanne doit choisir la liberté et larguer de lourdes amarres : traumatismes d’enfance, échecs sentimentaux, certitudes viciées, tout cela cède devant le non-conformisme têtu de Frida, son insouciance et sa rage d’exister.
Voilà un roman d’Herbjorg Wassmo qui m’a un peu laissée sur le bord de la route. Je n’ai pas réussi à embarquer complètement dans le périple de Sanne alors que j’avais tout pour m’identifier à ce personnage. Sa nonchalance, longue à secouer, m’a rapidement agacée, sans doute parce que je ne suis pas du genre à me laisser porter par les événements, mais plutôt prompte à les anticiper et à les maîtriser. « J’ai commencé à écrire. Comme si je pensais qu’il était possible de considérer sa vie comme un mauvais rêve. » (p. 9) Je me suis raccrochée au récit quand Frida et Sanne sont rejointes par une troisième femme qui était incontournable depuis le début. Ce n’est pas une lecture manquée, mais certainement pas celle que je retiendrai de cette autrice. Dans son œuvre, je préfère les femmes au caractère plus affirmé, comme Dina ou Tora.