Premier roman de Coline Lemeunier.
Prix Nouveau Talent de la Fondation Bouygues Telecom en 2008. La condition de participation à ce prix littéraire est d’intégrer le langage SMS et/ou les messageries instantanées.
Julie a 39 ans, elle est traductrice et elle collectionne les stylos. « On a tous nos petites manies. Ce sont elles qui révèlent notre nature profonde. Beaucoup plus que le caractère que l’on peut laisser paraître. Parce qu’une manie est compulsive, surprenante, inattendue, et qu’elle laisse entrevoir aux autres quelque chose qui relève de l’intimité la plus profonde. » (p. 36) Hormis Clémentine, sa meilleure amie, Julie est très solitaire et elle a le sentiment de n’avoir pas vécu sa jeunesse.
Voici que du jour au lendemain, à la suite d’un défi lancé par Clémentine, Julie devient totalement accro aux SMS. Elle veut en recevoir et elle veut en envoyer. Elle traduit tout en langage SMS et ne peut lâcher le petit écran des yeux. Ce qui n’était qu’un jeu tourne à l’obsession et à la dépendance pathologique. À mesure qu’elle communique par SMS avec de parfaits étrangers, Julie redevient une adolescente et vit une jeunesse qu’elle n’avait pas connue. « Forte de sa toute fraîche identité, Julie est décidée à coller de près à son nouveau mode de vie. Celui d’une adolescente qui ne vit qu’à travers les SMS, car eux seuls lui procurent sociabilité, confiance et surtout, lui donnent une personnalité à part entière. Une sorte d’affirmation de soi salvatrice. » (p. 153) Ce radical changement de comportement ne manque pas d’inquiéter Clémentine. Mais chacune de ses tentatives d’aide se heurte à un mur. Sortie des SMS, Julie ne sait plus communiquer. Elle est plongée dans une sorte d’autisme qui l’isole alors qu’elle envoie des centaines de SMS par jour.
Ce roman discute du bon usage du SMS et de l’immatérialité de certaines formes de communication. La plume est agréable à lire et le sujet est intéressant. Mais une fois le livre posé, je ne pense qu’il m’en restera grand-chose : je ne suis pas une accro du téléphone. Sans doute ne suis-je pas assez jeune pour ce genre de fiction. Je conseillerai ce premier roman à des adolescents ou à des jeunes adultes.