Roman de William S. Burroughs et de Jack Kerouac.
Will Dennison, Mike Ryko, Phillip Tourian, Ramsey Allen et un nombre incertain de femmes forment un groupe noctambule, alcoolisé et assez libre. Allant sans cesse chez les uns et les autres, toujours à l’affût de quelques dollars à gagner ou à grappiller, ils mènent une vie débridée dans le New York de 1944. Allen n’a d’yeux que pour le beau Phillip et le poursuit de ses assiduités, à tel point que le jeune homme forme le projet d’embarquer sur un bateau de la marine marchande avec Mike. « Cette fixette sur Phillip, c’est comme le paradis des chrétiens, une illusion née du besoin, qui flotte dans un nulle part nébuleux platonique, c’est comme la prospérité, toujours pour demain, jamais ici et maintenant. Tu as peur de partir avec lui, tu as peur de prendre le risque, parce que tu sais que ça marchera pas. » (p. 29) Hélas, le départ des deux amis est toujours différé et Allen ne veut pas voir partir Phillip. Tout cela explose un soir quand le jeune homme tue son admirateur. Will et Mike doivent alors décider s’ils veulent ou non protéger leur ami.
Inspiré de faits réels qui ont marqué leur jeunesse, Burroughs et Kerouac écrivent à deux voix, en chapitres alternés racontés respectivement par Dennison et Ryko. Cette double écriture est tout simplement étourdissante. À plusieurs reprises, je me suis perdue dans le récit, ne sachant plus qui était aux commandes. Mais finalement, le narrateur n’a pas vraiment d’importance, il suffit de suivre l’histoire, entre deux verres de whisky et un repas chaud providentiel. Je n’ai pas retrouvé le style de Kerouac qui m’avait tant plu dans Sur la route, mais cette histoire d’hippopotames est un texte de jeunesse, encore plein d’imperfections et d’hésitations. J’ai de tout de même aimé cette histoire et j’ai hâte de voir Kill your darlings, le film qui en a été tiré.