Roman de Chantal Metzger-Roca. Illustrations de Danaë Thomas.
Au premier regard, Monie tombe éperdument amoureuse de son nouveau voisin. Mais celui-ci, dépressif et malade, refuse les contacts avec le monde. « Quelqu’un vous aime et ce quelqu’un c’est moi. Joli message, belle envolée mais, en retour, rien que de lointains sourires tristes. » (p. 21) Quand il meurt, il laisse Monie seule avec ses sentiments inavoués et une tristesse qui pèse de plus en plus lourd. Peu à peu, elle se laisse à son tour glisser dans la dépression. Saura-t-elle revenir au monde et ne pas repousser les mains tendues et les coeurs ouverts de ses amis ?
Au début, cette histoire n’était pas désagréable, mais l’agacement a pris le pas sur la bienveillance. L’auteure a un phrasé et un style qui seraient tolérables dans un premier roman ou un roman de jeunesse, mais ce n’est pas le cas de Monie. À mesure que les pages défilaient, j’avais de plus en plus l’impression de lire les brouillons d’une adolescente qui se piquerait d’écriture. Voilà une phrase qui démontre typiquement ce sentiment de lire un journal intime illustré de cœurs percés de flèches : « Les seules choses qui me tiennent chaud désormais sont mes larmes quand je ne peux plus les retenir. » (p. 50)
L’auteure prête à son personnage narrateur un tic horripilant qui consiste à accumuler les tentatives d’exprimer une chose. Nous sommes hélas loin de l’épanorthose chère aux auteurs du nouveau roman : j’y vois plutôt le signe d’une pensée inaboutie et d’une plume mal assurée. Les phrases enchaînent les formules attendues et les métaphores éculées, le tout dans une écriture convenue servie par une langue emphatique. Quant aux illustrations, elles sont à l’image du texte : ce sont des aquarelles pleureuses qui, à force de vouloir faire vibrer la corde sensible, la font rompre sous le coup de l’exaspération.
Je suis fleur bleue, mais je n’aime pas le romantisme à deux sous, ni l’idée qu’une femme peut sauver un homme par la seule force de son amour. Cela vaut également pour l’amitié : les amis sont une force, mais pas une sinécure. C’est à chacun de se sauver lui-même. Pour moi, Monie est niais, mièvre, écœurant de bons sentiments et bourré de clichés. J’ai conscience que mon avis est dur, mais je suis incapable de complaisance envers un livre reçu en service de presse. Dernière chose : le regard porté sur la Bretagne est bien trop fantasmé et romantique à mon goût. Ce texte plaira peut-être aux adolescentes qui rêvent de héros sombres et échevelés.
Pour terminer, deux phrases qui illustrent ce que je reproche à ce roman.
« Il faut savoir soulever, de temps en temps, les voiles que la nostalgie a posés sur le passé pour mieux appréhender les inconnus que nos lendemains présagent. » (p. 46)
« Dans la souffrance de mon inconséquence, je me cache au fond du lit pour laisser couler mes larmes d’amertume. » (p. 101)