Pour une génération d’enfants, Zep est avant tout le papa de Titeuf, ce gamin à la longue mèche jaune, version moderne du Petit Nicolas, les gros mots et les jeux vidéo en plus. Mais Zep, avant d’être un auteur, est un homme, un humain, un individu qui s’interroge sur le monde et sur la place qu’il occupe au sein de celui-ci. « C’était donc possible de vivre sur cette planète sans en être le centre. » Sa place, Zep la trouve peu à peu en dessinant ce qui l’entoure, en mettant en images son monde, ses doutes et ses rêves. « Je dessine pour apprivoiser le monde, pour tenter de le comprendre. »
Alors, Zep, qui est-il ? Un fan de Bob Dylan, un peu guitariste à ses heures. Un papa et un conjoint. Un créateur dont l’arc a plusieurs cordes. Mais quelle est sa légitimité d’artiste, voire d’être humain ? Comme tant d’autres, il se voudrait unique, exceptionnel, sensationnel. À force de patience et de douce résignation, Zep s’accepte pour ce qu’il est et c’est déjà beaucoup.
J’ai beaucoup apprécié cette autobiographie en bulles au ton doux-amer : le texte flirte avec la nostalgie, mais le narrateur reste résolument ouvert au monde. Ainsi découpé en planches, Zep ne m’est que plus sympathique, lui dont les bandes dessinées ont fait rire ma jeune adolescence. J’ai retrouvé dans cet album un peu de la belle gravité de Une histoire d’hommes, premier roman graphique de l’auteur.