Manga de Kaoru Mori.
Ce volume s’ouvre sur l’ennui et la façon de le tromper. Il est des périodes où l’activité est moins intense : les récoltes sont achevées, le froid est là et contraint à rester à l’intérieur. Pour s’occuper, nos personnages ont leurs solutions : rêver à des futurs brillants, regarder les chevaux, discuter ou dormir. « Depuis que j’ai commencé ce voyage, ma perception du temps a beaucoup changé. Les gens d’ici n’ont pas de montre. » (p. 9) Mais zou, plus question de lambiner, il faut reprendre la marche : Henry Smith et Talas refont en sens inverse le chemin que le Britannique a entrepris. Plus que jamais, le jeune homme est déterminé à immortaliser les communautés qu’il a rencontrées. « Si je suis venu ici, c’est pour étudier les particularités linguistiques des environs. » (p. 91) Smith manipule avec une aisance grandissante le lourd appareil photo qu’il a acheté à Ankara. Au gré de son périple, il saisit sur le verre des groupes, des intérieurs ou des individus. Il retrouve d’anciens hôtes, ce qui permet à Talas de rencontrer Amis et Shirin, les épouses conjointes. Les trois femmes échangent sur les différences de leur culture et de leur condition de femme. Une fois encore, l’histoire met en valeur les communautés féminines et les relations profondes et durables qui s’y nouent.
Encore un tome dans lequel j’ai plongé avec délice ! Un épisode est consacré au pouvoir séducteur de la longue chevelure d’une épouse sur son mari, et c’est d’une sensualité intense. Plus loin, une double page m’a éblouie avec ses tapis, ses broderies et ses bouquets de fleurs : la généreuse image est aussi baroque que superbe. Et évidemment, j’ai craqué devant l’adorable et insupportable chaton Samoussa : n’est-ce pas un prénom parfait pour un petit chat ?