Les Hugo

Texte biographique d’Henri Gourdin.

Quatrième de couverture : Encore un livre sur Victor Hugo ? Non, sur tous les Hugo. Ceux qui le précèdent, à partir de ses ancêtres lorrains, et ceux qui le suivent, jusqu’à la génération de Jean, le peintre, ami de Cocteau. Cinq générations en dix-huit portraits de personnalités fortes, pittoresques, émouvantes : le général Léopold-Sigisbert Hugo, héros des guerres napoléoniennes, père officiel de Victor ; Sophie Trébuchet, mère du poète et figure dominante de la saga ; le général Lahorie, amant de Sophie et père naturel présumé de Victor ; Adèle Foucher, épouse de Victor et mère de ses cinq enfants ; Léopold Hugo, le fils premier né, mort de maltraitance à moins d’un an ; Léopoldine, morte noyée à 19 ans dans des circonstances troublantes ; Charles Hugo, le fils prodigue, continuateur de la lignée ; François-Victor Hugo, l’héritier tendre et discret, éminent traducteur de Shakespeare ; Adèle Hugo « la misérable », « l’engloutie », « la mal-aimée », internée par son père à 42 ans ; Paul et Aline Ménard-Dorian, hautes figures de l’art, de l’industrie et de l’extrême gauche républicaine ; Jean le peintre, époux de la fameuse Valentine Gross et père de huit Hugo ; Marguerite, manadière en Petite Camargue et bien sûr, celui sans qui cette histoire ne serait pas racontée, le grand Victor Hugo. 
Dans cette approche inédite d’une immense figure littéraire, Henri Gourdin détecte et analyse d’étranges continuités dans les comportements sur ces cinq générations. Il relève les falsifications accumulées par deux siècles d’hagiographie et ouvre un débat sur la question de la célébrité. L’histoire d’une famille, l’histoire de la littérature, de la politique et des arts, une histoire de la France.
 

Henri Gourdin s’attache à présenter les ascendants et les descendants de Victor Hugo en rétablissant la vérité historique, et donc en démontant les constructions littéraires et généalogiques échafaudées par Victor Hugo lui-même et reprises par des générations d’hugoliens. « Sauf que Victor Hugo, étant Victor Hugo, ne veut descendre que d’un père et d’une mère parfaits. Parfaits selon ses critères à lui, bien entendu. Selon les critères propres à l’élever dans l’opinion et à servir son image de demi-dieu, de messie universel, de réconciliateur des parties adverses. […] Voilà comment l’édition française noircit du papier depuis bientôt deux siècles pour colporter des bobards inutiles, qui n’ajoutent rien à la grandeur ni du poète Hugo ni du défenseur des libertés Hugo. » (p. 22) En reprenant les romans et lettres de l’auteur français probablement le plus connu dans le monde, en les croisant avec les correspondances de ses proches, les journaux ou d’autres textes divers, Henri Gourdin démonte les idées reçues et remet les pendules à l’heure. Non, Victor Hugo n’était pas un bon père de famille, c’était plutôt un tyran domestique. « Victor Hugo perdait le sens commun quand il s’agissait d’exercer l’autorité absolue dont le code Napoléon l’investissait , […] parce que son cercle familial était la pièce maîtresse d’un mécano affectif qu’il avait bâti patiemment pour le protéger des déchirements de son enfance. Il savait que sa femme et ses enfants en faisaient les frais, mais c’était plus fort que lui. » (p. 180) Son influence sur le destin de ses enfants, petits-enfants et autres descendants est incontestable, lui-même ayant été profondément marqué par la séparation de ses parents. « Ainsi le fils cadet de Léopold et de Sophie est au centre d’une panoplie de situations dont une seule suffirait à provoquer et entretenir une névrose. » (p. 67)

Victor Hugo est un des auteurs de mon panthéon personnel. Si j’apprécie vraiment l’auteur et son œuvre, je pardonne difficilement à l’homme, au mari et au père de famille. « Le héros, s’étant adouci les rigueurs de l’exil en l’imposant à ses enfants, s’ingénie à le leur compliquer. » (p. 184) Pour faire vite, nous dirons qu’Adèle était folle : son père n’y est certainement pas pour rien. En démontant brique par brique la gigantesque mythologie qui entoure Victor Hugo et ses proches, Henri Gourdin a fourni un travail considérable et passionnant. « Les Hugo, cela fait du monde ! Les ascendants connus de Victor Hugo, cela fait encore beaucoup de monde ! Six générations identifiées avant Victor, douze à treize jusqu’à aujourd’hui selon les branches. Donc certaines très, très touffues. » (p. 8) J’ai toutefois préféré les chapitres consacrés aux Hugo qui ont été marqués directement par le géant Victor et à ceux qui l’ont connu et côtoyé, un peu moins par ceux consacrés aux Hugo qui s’en revendiquent ou qui partagent son nom par descendance ou alliance. « L’histoire des Hugo pose enfin la question de la célébrité. Vieille calamité… » (p. 350)

Les annexes finales sont passionnantes et aident à comprendre le cheminement intellectuel d’Henri Gourdin. Enfin, la première de couverture est très réussie, ce qui ne gâche jamais un bon livre. Sur ce cher Victor Hugo, je vous recommande Victor Hugo vient de mourir de Judith Perrignon.

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