« Singulière expression que le « péplum »! Terme latin désignant à l’origine une tunique romaine, puis passant dans le langage cinéphile des années 1960 en France, pour former « film en péplum », vite abrégé en « péplum » tout court, il désigne dorénavant un ensemble de films absolument protéiforme. Synonyme bien souvent de kitsh ou de carton-pâte, il évoque aussi bien les superproductions hollywoodiennes que le cinéma bis le plus invraisemblable. A travers lui, ce sont des dizaines d’images archétypales qui viennent immédiatement à l’esprit: empereurs fous, chrétiens jetés aux lions, femmes fatales et jeunes vierges évanescentes, culturistes et gladiateurs, crucifixions, Atlantide et Rome de la décadence, passage de la mer Rouge et construction des pyramides. Le tout se bouscule dans un désordre d’autant plus inextricable que […] la vérité historique n’est et n’a jamais été le but ni l’ambition de ces films. […] La seule difficulté, une fois que l’on admet que le péplum est un film concernant une période quelconque de l’Antiquité, est de déterminer le début et surtout la fin de celleci… Mais dans le fond, qu’importe, puisque l’esthétique des films compte finalement plus que leur traitement de l’Histoire! » (p. 4 et 5)
Cet ouvrage illustré présente de façon fort logique l’évolution du genre cinématographique, de la technique au traitement des sujets choisis. L’Antiquité, qu’elle soit mythologique, guerrière, décadente, païenne ou chrétienne, est mise à l’honneur, tout comme le sont ses thèmes de prédilections: le cirque, la bataille, la Passion, l’esclavage, etc. Art du gigantisme en toutes choses, le péplum engloutit l’Antiquité classique, principalement la romaine, pour en faire « un festival orgiaque de supplices, de tortures et de sexualité débridée. » (p. 28) Hors de tout réalisme historique, le genre fait l’apologie de la débauche de chair, entre héros culturistes invincibles et femmes lascives et dénudées.
L’ouvrage présente les grands noms de l’histoire du péplum: Cécil B. deMille, Quo Vadis ou Ben Hur, sans, hélas, en dire suffisamment. On survole à un train d’enfer cent ans de péplum. Les illustrations sont superbes, mais l’image ne remplace pas toujours avantageusement le discours. Une somme considérable d’exemples ne suffit pas à étayer un argumentaire laconique. Néanmoins, le livre est un bel inventaire de tout ce qui s’est fait, par qui et avec qui, en matière de péplum.
Je reproche à l’auteur un parti pris négatif absolument agaçant pour toute la production pré-1950. Je ne suis pas une fan inconditionnelle de ce qui s’est fait au début du siècle, parce qu’il est vrai que tout a mal vieilli. Mais systématiquement taxer de kitsch ce qui était pourtant parfaitement novateur à l’époque c’est de l’étroitesse d’esprit, ou je ne m’y connais pas!