Roman de Pierre Thiry. Illustrations originales de Bernadette Geoffroy.
Sigismond est un bouquiniste très cultivé. Avec sa nièce Alice, il aime les devinettes littéraires à la sauce « Qui a écrit… » Sigismond gagne à tous les coups, ou presque… Alice le piège un jour sur l’auteur Jérôme Boisseau. Pour Sigismond, c’est incroyable, « lui, l’érudit, le bouquiniste, il était exclu qu’il puisse avouer ne pas connaître un écrivain. » (p. 16) Il décide alors d’écrire un livre sous le pseudonyme de cet auteur, livre intitulé Ramsès au pays des points-virgules. Mais à son propre jeu de création littéraire, Sigismond pourrait bien se faire prendre voire surpasser…
Dans ce roman, la jeune Sissi, qui aime dessiner, peindre et sculpter, rencontre Ramsès II, le pharaon, qui est loin d’être mort. Ils embarquent pour un long voyage qui les mène jusqu’à Londres. À Baskerville’s Castle, Lord Cycklopp fait régner la terreur : « À chaque fois qu’il mange un Anglais, il prétend que c’est pour venger une certaine Jane Dark. » (p. 126) Aidée – ou pas – de Walton Watson et de Charles Hockholmess, Sissi et Ramses II vont renverser l’infâme Lord Cyklopp, grâce aux livres et à la grammaire. Sissi « avait toujours pensé que l’on pouvait trouver d’astucieuses solutions pour se sortir des problèmes concrets de l’existence dans les ouvrages des meilleurs écrivains. » (p. 60)
Ce roman, largement destiné à la jeunesse, mais délectable pour les lecteurs adultes nostalgiques de leurs premiers émois littéraires, est une mine de références artistiques : Jean de La Fontaine est pastiché à l’envi, Lewis Carroll et Arthur Conan Doyle sont à l’honneur, Bollie Hollyday et Boris Vian font vibrer les pages au son de leurs mélodies uniques et entêtantes.
Les aventures de tous les héros sont dignes des meilleurs contes et récits fantastiques: les lits s’envolent ou flottent sur la Tamise, les chats parlent, les méchants sont très méchants et le verbe porté haut est toujours aussi puissant. Par certains aspects, ce roman m’a rappelé l’archipel des livres d’Erik Orsenna . Jouer avec les mots et la langue est toujours un plaisir qui n’attend pas le nombre des années !
Pierre Thiry, dans ce texte très largement inspiré d’une motivation autobiographie, offre un ouvrage vraiment ludique et interactif. Les jeunes lecteurs ne se contentent pas de lire : ils peuvent compléter les textes de Boris Vian, s’amuser pourquoi pas à inventer d’autres pastiches des fables de La Fontaine, tester les recettes de pancakes ou de piperade chères à Sissi et même écrire le dernier chapitre du livre !
Quand l’auteur m’a contactée pour me proposer son livre, j’ai immédiatement accepté. D’abord parce qu’il avait de bons arguments, ensuite parce qu’il est toujours agréable de participer à la promotion d’un livre. Alors, même si les coquilles et les erreurs typographiques m’ont fait grincer des dents, je recommande chaudement ce livre aux jeunes lecteurs : ils pourront se l’approprier en co-écrivant certaines parties du texte. Les notes de bas de page ne peuvent en outre qu’aviver leur curiosité de lecture! Et c’est tout le mal que je leur souhaite!