Roman de Stephen King.
« L’homme en noir fuyait à travers le désert et le pistolero le poursuivait. » (p. 9) Depuis plus de 20 ans, un chasseur et un chassé tracent une marche macabre dans un monde étrange et hostile. « Croyez-vous qu’il y ait une existence après la mort ? […] / Oui. Celle que nous sommes en train de vivre, à mon avis. » (p. 19) Quelle est le sens de cette traque à travers le désert et les montagnes ? Après quelles réponses court le pistolero ? On apprend que l’homme en noir peut ressusciter les morts, qu’il manipule les choses, les évènements, les êtres et les évènements. Est-il un prêtre, un magicien ? Est-il au moins un homme ?
Et d’où vient le pistolero ? Qu’est devenu Roland, l’enfant qu’il a été ? À quoi rime l’entraînement qu’il a suivi avec d’autres garçons ? Furtivement, on sait que son père est mort et qu’il a tué sa mère. Comment ? Pourquoi ? Le pistolero cherche la Tour sombre et il maîtrise le Haut Parler. Il répond à un code d’honneur connu de lui seul. « Il se serait bien passé d’avoir à choisir entre la hantise de son devoir, sa quête et une amoralité criminelle. » (p. 87) À mesure que l’on pénètre dans les souvenirs d’un monde disparu et d’une enfance révolue, on comprend que quelque chose a changé, que l’univers a été bouleversé.
Puis survient Jake. C’est un enfant. Le pistolero l’entraîne dans sa chasse à l’homme, tout en sachant qu’il s’attache ainsi une faiblesse. « Aussi longtemps que tu voyages avec le garçon, l’homme en noir voyage avec ton âme en poche. » (p. 101) En écoutant les maigres souvenirs de l’enfant, on comprend que différents mondes existent en parallèle. Mais quel est l’évènement qui a précipité leur croisement ? Quel est cet avant et qu’est-ce qui a suscité sa perte ?
Beaucoup de questions, n’est-ce pas ? Dans le premier volume de ce qui constitue son œuvre monumentale, Stephen King ouvre tous les possibles et les mystères qu’il sème comme d’autres des cailloux blancs hameçonnent le lecteur et le tiennent en haleine. Je ne m’y attendais pas, mais me voilà complètement séduite par ce western post-apocalyptique fantastico-moyenâgeux. Je suis impatiente d’en savoir plus sur la Tour sombre : « La Tour s’élève sur une sorte de centre de connexion. Un carrefour dans le temps. » (p. 155)