Telle une bergère attentive à ses brebis, j’aime rassembler mes lapins.
Le lapin et la sarcelle – Fable de Jean-Pierre Claris de Florian.
Un lapin et une sarcelle sont amis depuis l’enfance et partagent toute chose, bonne ou mauvaise. Un jour funeste, la sarcelle disparaît et le lapin désespère de retrouver son amie. « Réponds-moi, / Ma sœur, ma compagne chérie ; / Ne prolonge pas mon effroi : / Encor quelques moments, c’en est fait de ma vie ; / J’aime mieux expirer que de trembler pour toi. » Éploré, le lapin explore les alentours et retrouve son amie, captive de la volière d’un seigneur des environs. Fou de joie, il ne ménage pas ses efforts pour libérer la sarcelle, ce qui n’est pas du goût du châtelain. « Le maître du jardin, / En voyant le dégât commis dans sa volière, / Jure d’exterminer jusqu’au dernier lapin. » Le danger porte maintenant sur le mammifère et non plus sur le volatile. Mais par un juste et aimable retour des choses, c’est désormais la sarcelle qui entreprend de sauver le lapin.
Cette fable présente une structure très classique : on passe d’une situation initiale idyllique à de nombreux rebondissements avec des opposants jusqu’au dénouement heureux qui rétablit la situation originelle. Rien d’extraordinaire donc, si ce n’est que des exploits pour le moins chevaleresques sont accomplis par du petit gibier et non par de fringants et fiers chevaliers. L’auteur magnifie un bestiaire familier et chante la force des faibles et les beautés de l’amitié sincère. C’est beau. C’est noble. J’adhère. En plus, le lapin est un super héros qui ne sait pas nager (on dirait moi…), mais qui sauve sa copine !
La fiancée du petit lapin – Les frères Grimm.
Une femme vit seule avec sa fille. À elles deux, elles exploitent un beau champ de choux. Et voilà qu’un lapin vient se régaler et déposséder les deux paysannes. Mais le lapin a en fait une autre idée : il cherche une épouse. « Viens, fillette, dit le lapin, mets-toi sur ma queue de petit lapin et suis-moi dans ma chaumière de petit lapin. » Après plusieurs demandes, la jeune fille se laisse prendre et se retrouve bien embêtée et bien triste d’être loin de sa mère à devoir servir un lapin colérique et impatient. Pour une fois, ce n’est pas le lapin qui sera le plus rusé.
J’avoue que ce conte ne m’a pas vraiment parlé. Des histoires de jeunes filles enlevées par des animaux, j’en connais, mais les ravisseurs sont plutôt des fauves ou des bêtes répugnantes, comme des crapauds ou des corbeaux. Ici, on a affaire à un petit animal glouton et malpoli. En outre, la fin est vraiment surprenante : on retourne à la situation initiale, mais sans coup d’éclat, ni bravoure. Bref, heureusement qu’il y a un lapin, sinon ce conte serait totalement inintéressant !