Recueil de textes de Stephen King.
Espoir, éternel printemps – Rita Hayworth ou la rédemption de Shawshank
Andy Dufresne entre dans la prison de Shawshank pour une longue peine. Jugé coupable d’avoir assassiné son épouse et l’amant de celle-ci, il est pourtant innocent. Durant toutes les années de sa captivité, refusant de laisser enfermer, il prépare une spectaculaire évasion dont le premier élément est un poster de Rita Hayworth. C’est l’histoire de cette évasion que raconte le narrateur « Andy était cette part de moi qu’ils n’ont jamais pu enfermer, la part de moi qui se réjouira quand finalement le portail s’ouvrira et que je sortirai, vêtu d’un costume minable, avec vingt dollars me brûlant les poches. […] De cette part, tout simplement Andy en avait plus que moi et il s’en est mieux servi. » (p. 118) Le film de Frank Darabont avec Tim Robbins et Morgan Freeman m’avait beaucoup plu et cette lecture me donne furieusement envie de le revoir.
Été de corruption – Un élève doué
Todd Bowden est un bon garçon, bien élevé, intelligent. Impossible de comprendre son attitude quand il démasque un ancien officier nazi dans le voisinage : au lieu de le dénoncer aux autorités, il le presse de questions et veut toujours plus de détails. « Pourquoi viens-tu ici déranger un vieillard ? Peut-être, comme tu le dis, étais-je autrefois un nazi. Et même un SS. Maintenant, je suis vieux, c’est tout, et je dois prendre un suppositoire pour faire fonctionner mes intestins. Alors, qu’est-ce que tu veux ? / / Eh bien… je veux qu’on me raconte. C’est tout. C’est tout ce que je veux. Vraiment. » (p. 152) Hélas, la fascination macabre du garçon pour le passé de l’officier nazi va virer à l’obsession, au chantage et au sadisme. Peu à peu, le rapport de force s’inverse et s’annule : le gamin et le vieux deviennent deux monstres liés l’un à l’autre par la honte et l’horreur.
L’automne de l’innocence – Le corps
Billy, Vern, Teddy et Chris tuent le temps avant la rentrée des classes. Ce sont les derniers jours des vacances d’été. Pour marquer le coup et tenter de devenir des héros, ils partent à la recherche du cadavre d’un jeune garçon. Ces quelques jours arrachés à la monotonie et à l’ennui les feront passer de l’enfance à l’adolescence quand l’aventure entre copains se heurte à la brutale réalité. « Le gosse était mort. Le gosse n’était pas malade, il n’était pas endormi. Le gosse n’allait plus jamais se lever le matin ou attraper la chiasse en mangeant trop de pommes ou cueillir de la vigne vierge. […] Le gosse était déconnecté de ses baskets sans aucun espoir de réconciliation. Il était mort. » (p. 504) Le film de Rob Reiner avec Wil Wheaton et Kiefer Sutherland est un bijou d’émotion qui colle très exactement au texte.
Un conte d’hiver – La méthode respiratoire
À New York, il existe un club d’hommes très fermé. Les participants s’y retrouvent pour lire, discuter ou jouer aux cartes, comme dans tous les clubs. Mais pour Noël, ils ont l’habitude de se raconter des histoires surnaturelles. L’une d’elles est particulièrement étrange et relate l’accouchement d’une femme grâce à une étonnante méthode respiratoire. « Quel mal y aurait-il, au nom du ciel, à raconter à ma femme une soirée parfaitement innocente dans le club vieillot de mon directeur… et même s’il y avait quelque chose de mal, qui le saurait jamais ? » (p. 559) Et pourtant, le personnage principal se garde bien d’évoquer ses rencontres avec son épouse, tout comme il évite de poser trop de questions à l’étrange majordome, en dépit du malaise qui l’assaille quand il passe la porte du club.
Ni tout à fait romans, ni tout à fait nouvelles, ces quatre textes suffisent à prouver l’étendue du talent du King. Capable de nous tenir en haleine avec les histoires les plus simples ou de nous faire frissonner d’horreur devant les pires avanies, Stephen King sait parfaitement ce qu’il fait de ses lecteurs et comment les atteindre. Encore, ai-je envie de dire ! Heureusement que je n’ai pas tout lu de cet auteur !