Les résumés des quatre premières nouvelles sont une copie de la quatrième de couverture. Pour la dernière nouvelle, inédite en France, il s’agit d’un résumé personnel.
1922 – Un fermier du Nebraska confesse qu’il a assassiné son épouse, avec l’aide de son fils de 14 ans. « L’important, c’était la ferme. Notre ferme. Ma ferme. J’avais assassiné ma femme pour la garder et je n’allais pas l’abandonner maintenant sous prétexte que mon complice idiot et immature s’était mis en tête de se lancer dans une quête d’amour romantique. » (p. 144)
Les rats. Des rats partout. Cette nouvelle est grouillante de vermine animale et humaine. Et la folie n’est pas loin.
Grand chauffeur – Une femme écrivain, violée et laissée pour morte au bord d’une route, décide de se venger elle-même. « Elle regarda le revolver sur sa table de nuit et pensa : Je veux m’en servir. Je veux régler cette histoire moi-même, et vu ce par quoi je suis passée, je mérite de la régler moi-même. » (p. 330)
L’ombre de Quentin Tarantino flotte sur cette nouvelle. On pense à Boulevard de la mort où un conducteur psychopathe tue des demoiselles à bord de son bolide, mais on pense aussi à Kill Bill où une jeune femme se rend une justice implacable. Attention, ça va saigner !
Extension claire – Un cancéreux en phase terminale passe un pacte avec un vendeur diabolique afin d’obtenir un supplément de vie. « Et si vous croyez que je vais me pointer dans quinze ou vingt ans pour empocher votre âme dans mon vieux portefeuille moisi, vous vous gourez. Les âmes des humains sont devenues de pauvres choses transparentes. » (p. 434)
Évidemment, c’est un pacte façon Faust, même si Méphistophélès se tient ici sous un parasol crasseux au bord d’une voie express. Et le pacte renvoie aussi à La peau sur les os : pour se débarrasser d’un mal, il faut toujours le transmettre à quelqu’un d’autre, mais ça demande une haine profonde.
Bon ménage – Une femme découvre qu’elle vit depuis vingt ans avec un serial killer. « On repère les bêcheuses. On les repère de loin. Elles portent des jupes trop courtes et laissent voir exprès leurs bretelles de soutien-gorge. Elles aguichent les hommes. » (p. 521)
Le serial killer est une figure importante de la mythologie nord-américaine. Un peu comme Big Foot. Mais le personnage important de cette nouvelle, c’est l’épouse qui se révèle être une femme de la trempe de Dolores Claiborne ou de Rose Madder. Impossible de ne pas penser également à l’une des nouvelles de Différentes saisons, où un jeune garçon reconnaît en son très vieux voisin un officier nazi.
À la dure – Depuis quelque temps, Brad dort mal. Peut-être parce que sa femme est très malade. « Depuis une semaine, je fais sans cesse le même rêve, mais ce doit être un de ces rêves lucides parce que j’arrive toujours à me réveiller avant qu’il ne devienne véritablement un cauchemar. Sauf que, cette fois, j’ai la vague impression qu’il m’a suivi au réveil. Car il me semble qu’Ellen et moi ne sommes pas seuls dans la chambre. Il y a quelque chose sous le lit. Je l’entends mâcher. » (p. 593)
Les terreurs nocturnes, les peurs du noir et de l’ombre, Stephen King connaît. Il a bien présenté le sujet dans La petite fille qui aimait Tom Gordon. Ici, ça finit moins bien. Ou plutôt, ça ne commence pas bien du tout !
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Stephen King sait rendre hommage à ses maîtres et à ses sources d’inspiration : cinéma, littérature, pop culture, tout cela nourrit l’inspiration du maître de l’horreur. Et c’est toujours un immense plaisir de constater combien cet auteur maîtrise son univers littéraire et combien la cohérence est grande dans son œuvre, les textes se répondant les uns aux autres.