Album jeunesse d’Agnès Vandewiele et Vivienne Breug.
Théo, Jeannot et Robin sont trois garnements qui font les quatre cents coups. Quand leur maman les attrape enfin, elle les punit en les envoyant chercher des carottes dans le potager. Et voilà que les lapereaux se retrouvent prisonniers d’un filet à oiseaux. « Pourvu que le fermier ne vienne pas dans le potager ! Il pourrait les attraper et peut-être même les enfermer dans des clapiers ! » Maman Lapin est affolée, il faut qu’elle trouve de l’aide. Heureusement, un gentil mouton vient à la rescousse des petits lapins qui promettent désormais de rester bien sages.
Bon, à première vue, voilà une histoire banale de petits chenapans pris à leur propre jeu et punis par une grosse frayeur. Mais en réalité, ce n’est pas tout à fait ça. Les lapereaux sont envoyés dans un lieu dangereux par leur mère qui est excédée par leur comportement. Il est donc totalement crétin et hypocrite que la mère s’inquiète quand elle ne voit pas revenir ses petits : c’est elle qui les a envoyés chez le fermier ! Dans The Tale of Peter Rabbit de Beatrix Potter, le jeune héros est fermement prévenu du danger de fréquenter le potager : ici, le lieu est toujours très dangereux, mais les enfants y sont envoyés sciemment. Drôle de façon d’éduquer les enfants…
Par ailleurs, je suis gênée par la représentation et les attitudes des personnages. Le dessin est charmant et les lapins ressemblent à des lapins : ils se tiennent comme de vrais animaux et ne portent pas de vêtements. Cette absence d’anthropomorphisation est un choix qu’il aurait fallu suivre jusqu’au bout. Car si je n’ai aucun problème à voir un lapin en salopette faire de la varappe ou du vélo, j’ai du mal à concevoir qu’un lapin tout ce qu’il y a de plus banal puisse monter aux arbres. Les esprits chagrins diront que j’ai perdu mon regard d’enfant : c’est justement parce que je l’ai perdu que je n’apprécie que l’on propose n’importe quoi dans les histoires écrites pour les enfants. Pour un peu, j’en perdrais mon lapin !