Qu’est devenu Daniel Torrence, rescapé de l’incendie de l’Overlook Palace à la fin de Shining ? Il a appris à lutter contre les spectres qui le hantaient, mais il s’est laissé prendre par le démon de l’alcool, comme son père avant lui. Pour Danny, la bouteille est la seule barrière qui, tant bien que mal, lui permet de tenir en respect les visions que lui envoie le Don. « Il redoutait de se perdre dans un labyrinthe de vies nocturnes fantômes et d’être incapable de retrouver la sortie. » (p. 124) Aide-soignant dans un hospice, il aide les mourants à gagner sereinement l’autre côté. On l’appelle Docteur Sleep. À sa manière, jour après jour, il fait sa part de bien.
Un matin, une enfant entre en contact avec lui : Abra n’a que quelques mois, mais elle possède déjà un Don surpuissant. Et Danny n’est pas le seul à sentir l’intensité de ce Don. Quelque part en Amérique, un groupe de voyageurs itinérants aux talents multiples décide de partir à la recherche d’Abra pour lui voler sa « vapeur ». Mené par Rose Claque, le Nœud Vrai sillonne le monde depuis des millénaires en se nourrissant de l’énergie d’enfants doués du Don. Danny et Abra devront unir leurs forces pour échapper à cette menace et débarrasser le monde de cette engeance maléfique.
WAHOO ! Stephen King mène d’une main de maître ce récit parfaitement rythmé aux rebondissements maîtrisés. Non seulement il tisse un lien cohérent avec un des classiques de son répertoire, mais il crée de plus un nouveau monstre qui vient enrichir sa collection d’horreurs. Mais ce qui me frappe le plus dans cette œuvre, c’est l’amour et la connaissance que Stephen King a de son pays, de son époque et de sa culture. On le sent connecté et informé et c’est un plaisir de voir comment il intègre naturellement des références modernes dans son œuvre : qu’il s’agisse d’évoquer le dernier roman jeunesse à la mode ou la série télé qui fait fureur en passant par une légère diatribe contre les réseaux sociaux, Stephen King est plus que jamais un homme de son temps. C’est sans doute pour cette raison que son public se renouvelle tout en restant fidèle : le King est un érudit modeste, sans condescendance et plein d’humour. Et il l’a toujours été : ainsi, restant fidèle à lui-même, l’auteur ne peut que séduire et convaincre.