Pêcheur d’Islande

Roman de Pierre Loti.

Sylvestre et Yann sont pêcheurs. En Bretagne, tous ceux qui, comme eux, partent vers le Nord pendant les mois d’été pour pêcher la morue sont des Islandais puisqu’ils s’approchent bien près de cette île septentrionale. À bord de la Marie, Sylvestre et Yann n’envisagent pas d’autre vie que celle qu’ils mènent. Mais Sylvestre est en âge d’effectuer son service militaire et c’est en Chine, bien loin de sa grand-mère Yvonne, qu’il va faire combattre pour la France. Quant à Yann, ce beau et grand garçon de 27 ans, il ne pense qu’à la mer, au grand dam de Gaud, la cousine de Sylvestre qui s’est éprise de ce jeune homme fort et doux. Pendant deux ans, n’osant se déclarer et attendant une parole de Yann, Gaud aime en silence. Quand un drame finit par les unir, la mer attend son heure, prête à rappeler sa promesse à Yann. « Un de ces jours, oui, je ferai mes noces […], mais avec aucune fille du pays ; non, moi, ce sera avec la mer. » (p. 22) Cette fanfaronnade pourrait être prémonitoire et bien funeste : avec la mer, les noces consommées sont stériles et cruelles.

La mer est bien plus qu’un décor ou un lieu : entité nourricière et assassine, elle donne autant qu’elle prend. Craints et respectés, les flots gardent une dimension mythologique, presque magique et les femmes qui restent à terre savent qu’elles ne peuvent pas disputer leurs hommes et leurs fils à cette maîtresse exigeante. « Inquiète, elle l’était beaucoup dans son bonheur, qui lui semblait quelque chose de trop inespéré, d’instable comme les rêves. » (p. 217)

J’avais découvert Pierre Loti quand j’étais adolescente avec Aziyadé qui ne m’avait pas vraiment convaincue. Je gardais cependant Pêcheur d’Islande pour la bonne bouche : quand il est question de Bretagne, de rudes amours et d’océan, je ne résiste pas. Certains aspects de ce roman m’ont rappelé Les travailleurs de la mer de Victor Hugo. Pierre Loti, s’il est moins épique, n’en est pas moins émouvant : il peint à merveille les chagrins profonds des hommes à tel point que j’ai souvent versé une larme sur les pages de ce roman.

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