Roman de Stephen King.
Deux ans après le décès de son cher époux, Scott Landon, un romancier à succès et à l’esprit complexe, Lisey trouve enfin le courage de vider son bureau et de trier ses papiers. « Elle reste longuement sur le lit, […] à songer – pas pour la première fois – qu’être seule après avoir été deux si longtemps était une bien étrange merde, en vérité. » (p. 30) Dans le même temps, elle doit surveiller sa sœur, Amanda, dont les tendances d’autodestruction semblent prendre le dessus. Lisey doit également échapper à Jim Dooley, un forcené qui veut obtenir les textes inédits de Scott. Peu à peu, elle retrouve des souvenirs qu’elle avait refoulés. Guidée par Scott (oui oui !), elle entre dans un monde parallèle qui est magnifique le jour et terrifiant la nuit. « Je crois que tous les gamins ont un endroit où ils s’en vont quand ils ont peur ou qu’ils se sentent seuls ou qu’ils s’ennuient à mourir […] La plupart oublient. Les rares talentueux, comme Scott, harnachent leurs rêves et les changent en chevaux. » (p. 580 & 581) C’est l’occasion pour elle de revisiter l’enfance traumatisée de son époux qui a porté toute sa vie le poids de la folie familiale. « Je suis fou. J’ai des délires et des visions. Je les écris, c’est tout. Je les écris et les gens me paient pour les lire. » (p. 337) Lisey réussira-t-elle à échapper à Jim Dooley et à achever son deuil ?
Les 150 premières pages de ce roman sont longues et un rien confuses, mais c’est sans aucun doute voulu : Stephen King balance en vrac des tonnes de pistes qui seront explorées plus précisément au cours du roman. Les souvenirs et les visions s’entrelacent et contaminent le fil narratif principal. Le résultat est étonnamment fluide tout en déstabilisant sans cesse le lecteur. « Les souvenirs distordent la perspective, et les plus vivaces ont le pouvoir d’annihiler complètement le temps pendant qu’on est sous leur emprise. » (p. 482) Le texte est dense et touffu et il aborde des sujets fondateurs de la mythologie personnelle de Stephen King : le deuil, le couple et son langage secret ou la création entre folie et génie. J’ai retrouvé ici des allusions à Sac d’os¸ Bazaar et Rose Madder. Il y a beaucoup de Stephen King dans le personnage de Scott Landon. C’est probablement pour cela que, même si l’histoire ne m’a pas vraiment convaincue, j’ai terminé ce roman sans déplaisir.