Essai de Stéphanie Hochet. À paraître le 11 octobre (Oui, demain ! Au moins, vous êtes prévenus, alors tenez-vous prêts !)
Ce n’est pas première fois que Stéphanie Hochet se frotte à ce bel animal : après son Éloge du chat, elle propose une version voluptueuse de ce sujet décidément inépuisable. « Sybarite de la sieste, Lucullus de la gamelle, toujours prêt à la caresse, le chat est le champion de la délectation. Un félin frigide est une contradiction dans les termes : l’absolue volupté appartient à son essence. » (p. 228) Pour avoir également lu le Petit dictionnaire amoureux du chat de Frédéric Vitoux, je peux affirmer que Stéphanie Hochet est originale et intarissable et que l’animal est insaisissable, tant il y a dire sur lui ! « Honneur aux chats, gloire à la fierté féline, à bas les conifères et leurs alliés flavescents ! » (p. 213)
Devant ce dictionnaire, comme un chat, je n’en ai fait qu’à ma tête, refusant le classement alphabétique et sautant d’une entrée à une autre, en suivant les renvois, un peu comme une histoire dont le chat serait le héros et déciderait de chacun de mes mouvements. « Vouloir civiliser le chat est une aberration philosophique. Le chat est cette partie de nous qui refuge le joug de l’obligeance. » (p. 21) Ce faisant, je suis passée de l’Angleterre à l’Égypte, j’ai sautillé au Japon et j’ai croisé Colette, les Aristochats, Charles Baudelaire et le ténébreux Blacksad. J’ai caressé quelques têtes de chien, animaux que j’aime autant que les chats pour des raisons différentes, et j’ai enfoui mon nez dans la douceur de la fourrure de quelques lapins qui, selon Stéphanie Hochet, sont sans doute les versions végétariennes du chat. Je partage cette opinion qui mériterait largement un développement, voire un éloge impertinent du lapin !
Dans sa préface, Gilles Lapouge cerne avec finesse la magie de cet ouvrage : « Ce n’est pas le chat de Stéphanie qui devient un humain. C’est Stéphanie qui devient un chat. » (p. 8) Et Stéphanie Hochet de renchérir : « Je connais beaucoup de gens qui rêvent de se réincarner en chat. Pour ma part, je n’ai pas vu l’intérêt d’attendre une prochaine vie. » (p. 17) Au gré de cet abécédaire dont les lettres sont déclinées en courbes félines, j’ai largement aggravé mon ailurophilie, et ça me réjouit. « Sa manière de se frotter à votre jambe surtout si vous portez des bas de soie qui font un si joli bruit […] » (p. 12) J’aime profondément les toutous, mais j’ai choisi de vivre avec un matou pour des raisons d’espace : je refuse d’enfermer un chien dans un appartement, alors que je sais que ma Bowie chérie sait exploiter toute la surface, voire tout le volume de la maison. Et comment ne pas compatir quand Stéphanie Hochet donne la parole à son ami écrivain, Jérémy Fel, qui raconte le deuil qui l’habite depuis la disparition de sa compagne à moustaches. Mais qu’on se le dise, le bipède ailurophile n’est pas fou, oubliez l’image de la crazy cat lady ! Le chat n’est pas une religion, ce n’est pas un dogme : c’est une évidence ! « Aimer les chats ne [consiste] pas à idéaliser les félins, mais à se réjouir de leur attitude majestueuse. » (p. 74 & 75)
Cet Éloge voluptueux du chat se lit avec délectation, en s’étirant sur un matelas confortable ou lové sous une couette dont nous sommes le maître. Ce n’est pas un mode d’emploi du petit félin domestique, ni un livre sacré, mais une façon de rappeler l’humain à ses devoirs envers le chat. « Si Dieu est mort, le chat se propose de devenir son voluptueux ersatz. » (p. 30) Ce n’est pas Philippe Geluck qui dira le contraire : lisez sa Bible selon le Chat. Mais surtout, lisez les œuvres de Stéphanie Hochet qui s’y entend pour parler de chats et de bien d’autres sujets !
Et venez la rencontrer à la librairie Place Ronde de Lille le 17 octobre pour discuter de ce charmant animal que nous aimons tant et faire dédicacer votre exemplaire ! Et ailleurs en France si Lille est trop de loin de chez vous. (Mais tous les chemins mènent à Lille, et à Lili.)