Aucun souvenir assez solide

Recueil de nouvelles d’Alain Damasio.

Dans ce livre, vous trouverez :

  • La privatisation du langage et un homme qui veut racheter le mot « chat »,
  • Du clonage et des expériences génétiques,
  • La résistance poétique et la guérilla des mots contre l’ultra-libéralisation,
  • Un père qui part à la recherche de son enfant morte,
  • Un monde surtechnologisé et surconnecté,
  • Des identités à vendre pour tromper le système,
  • La possibilité d’intégrer le réseau Internet,
  • Des parents séparés de leurs enfants,
  • Des phares qui éclairent une mer d’asphalte,
  • Un artiste recréé/absorbé par son œuvre,
  • Un auteur qui écrit un livre que personne ne lira,
  • Un père et son fils dans une ville vide,
  • Un portrait d’Alain Damasio.

Il faut lire ces nouvelles à haute voix, les déclamer, les chanter. Il faut se les rouler sous la langue, se les frotter au palais et se les coller aux lèvres. Parce qu’elles sont délicieuses. Parce qu’il faut conjurer le silence vociférant de la dématérialisation des relations humaines. « Si personne ne te parle, fais parler le monde. Tout seul. Et écoute-le. » (p. 289) Les tragédies humaines semblent encore plus tristes quand le monde autour est froid. L’auteur ne se prive pas de critiquer sévèrement la libéralisation galopante et la technologisation de la société. Ce n’est pas nouveau, il le faisait déjà dans La zone du dehors. « Dans un monde où tout le monde croit devoir s’exprimer, il n’y a plus d’illumination possible. » (p. 161)

Mais Alain Damasio pratique l’art paradoxal de la dystopie enthousiaste. OK, tout a foutu le camp et tout est déréglé. C’est justement l’occasion de tout réinventer, sans limite et sans complexe. « L’Altermonde, c’est ça : une autre mondialisation, fondée sur l’échange intense des différences, une autre façon de relier les peuples. » (p. 32)

« Vous rêvez qu’on vous programme, qu’on vous corrige, qu’on vous débugue, d’être l’image la plus vue, l’information la plus cliquée, le mot-clé qu’on indexe partout, un même. » (p. 121) Dans le monde de Damasio, la data est un nouvel ADN, un nouveau flux vital qu’il faut intégrer puisqu’on ne peut pas le couper, pour réinventer l’être humain. Certains textes annoncent Les furtifs, chef-d’œuvre de l’auteur. Comme dans son dernier roman, Alain Damasio ne s’est jamais privé pas de jouer avec la mise en page et la graphie pour donner à ses textes du relief, de l’écho, de la texture. La lecture n’en est que plus ludique et plus profonde.

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