Poème d’Arthur Rimbaud.
Sous-titre : Poème à planter ou petit exercice de soin littéraire : poétisez vos peines, fleurissez vos solutions.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, voilà le très beau texte de ce poète météore, si tôt disparu du monde littéraire.
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
Si je vous présente ce poème, c’est surtout pour sa publication par les éditions Le Ver à Soie. Dans les fibres des pages sont intégrées des graines. Ce que l’éditeur vous propose, c’est de détacher les feuilles et de les planter, tout simplement. Ou comment créer du vivant à partir du beau ! La démarche m’émeut beaucoup, mais je doute d’être capable de détruire ce livre, même si ce n’est qu’un produit manufacturé qui ne porte nullement atteinte à l’œuvre éternelle d’Arthur Rimbaud.