Billy Summers

Roman de Stephen King.

Billy Summers est un ancien marine devenu tueur à gages. À 44 ans, il décide de raccrocher après un dernier contrat à 2 millions de dollars. Mais voilà, tout le monde sait que le dernier contrat est toujours foireux. Il doit liquider Joel Allen, un autre tueur à gages, avant qu’il soit jugé : pour ce faire, il attend plusieurs mois, en se fondant dans le paysage sous une fausse identité. Il se fait passer pour un écrivain qui peine sur son premier roman. Voilà une couverture qui lui convient bien. « Billy est un gros lecteur, certes. Et il rêve parfois de se mettre à l’écriture, mais il n’a jamais rien produit, à l’exception de quelques petits textes sans intérêt, qu’il a jetés. » (p. 26) Ainsi, pendant de longues semaines, Billy commence à écrire son histoire et à exorciser son passé, en continuant à préparer son contrat et sa fuite. Homme intelligent et ne comptant que sur lui-même, le tueur a un mauvais pressentiment. Évidemment, une fois le coup fait, rien ne se passe tout à fait comme prévu. Cerise sur la malchance, Billy est désormais attaché à Alice qu’il a sauvée après une nuit sordide. Car Billy Summers a un code d’honneur. « Il ne s’occupe que des méchants. Ça lui permet de dormir la nuit. [..] Que des méchants le payent pour liquider d’autres méchants ne lui pose aucun problème. Il se voit comme un éboueur armé d’un flingue. » (p. 12) Pris dans un engrenage qu’il n’avait pas anticipé, Billy cherche l’issue finale.

Avec son hommage à Émile Zola dès la première page, puis à Charles Dickens et à tant d’autres auteurs, Stephen King annonce la couleur : ici, la création littéraire est reine. Et le King rédige une déclaration d’amour à la fiction et à son pouvoir suspensif. Les longs chapitres consacrés à l’attente de Billy mettent le lecteur dans le même état que le personnage : entre impatience et nécessité de prendre le temps, cette préparation semble longue, mais s’écoule finalement bien plus vite que l’on croirait. Et l’enchaînement des événements après le coup de feu mortel donne au récit un autre rythme : nous étions sous les remparts de Troie à attendre que le conflit s’achève, nous voilà sur les flots, poursuivis par un danger encore plus grand. Cette lente mise en place de l’intrigue m’a rappelé 22/11/63 et les années que le protagoniste vit avant l’événement qu’il tente de modifier. Le ressort se tend lentement et son relâchement est inexorable.

Avec ce nouveau texte, Stephen King critique sans compromis la guerre en Irak et les politiques menées par George W. Bush et Donald Trump. Pas de monstre fantastique dans ce roman et rien de surnaturel, sauf peut-être cette discrète évocation de l’Overlook et d’un tableau qui semble animé. Ici, les créatures monstrueuses sont bien humaines : elles violent, elles tuent des civils, elles agressent des enfants, elles pensent que l’argent leur confère un pouvoir absolu. Tueur à gages des méchants de papier qu’il crée, Stephen King règle ses comptes avec une société consumériste et aux valeurs déclinantes.

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