SCUM Manifesto

Texte de Valerie Solanas.

En anglais, « scum », c’est l’ordure, le rebut, le salaud. Pour Valerie Solanas, c’est l’acronyme de Society for Cutting Up Men, et c’est déjà tout un programme !

« Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste qu’à renverser le gouvernement, en finir avec l’argent, instaurer l’automation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin. » (p. 9) Dans ce pamphlet, l’autrice effectue une démonstration par l’absurde poussée à l’extrême. Cela peut sembler grotesque ou délirant, mais à bien lire et relire le texte, on comprend toute la pertinence du propos.

Le postulat de Valerie Solanas, c’est que l’homme voudrait être une femme. Frustré, il compense en baisant à tout va et en projetant sur les femmes ses propres faiblesses. « Chaque homme sait, au fond de lui, qu’il n’est qu’un tas de merde sans intérêt. » (p. 16) Pour mettre en place une société plus juste où les femmes auraient toute leur place, l’autrice prône évidemment la fin du patriarcat et du capitalisme, mais surtout la mise sous tutelle des hommes, ces êtres maladifs et incomplets. « La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. » (p. 10) Il faut redonner le pouvoir aux femmes, seules à être capable de l’assumer et de diriger le monde.

Au-delà du discours violemment satirique et agressif envers les hommes et résolument féministe, Valerie Solanas veut forcer les lecteur·ices à changer de vision sur le monde, à déplacer leur point de vue pour se mettre dans les pompes de l’autre sexe. « L’amour ne peut s’épanouir dans une société fondée sur l’argent et sur le travail dépourvu de sens. Il exige une totale liberté économique et individuelle. » (p. 47) En première lecture, le manifeste est évidemment féroce et jubilatoire : il fait hurler de rire, soit pour éviter de hurler tout court, soit pour s’entraîner à hurler, justement !

La postface modeste et lucide de Lauren Bastide éclaire le texte et donne d’autres pistes pour le comprendre et l’appliquer à notre société de 2023. Vous vous en doutez, ce petit livre prend sa place sans attendre sur mon étagère de lectures féministes ! « Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur individualité, elles savent instinctivement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est l’amour. » (p. 40)

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