Anna et Cerise tombent enceintes très jeunes. La question se pose pour elles de garder l’enfant. Choisir ou refuser d’être mère : deux chemins possibles dans la vie d’une femme. Les années passent, Anna et Cerise sont confrontées à leurs échecs et leurs terreurs de mère, face à tout ce qui peut blesser l’être qui reste à tout jamais le tout petit. « L’amour, ça protège pas. » (p. 164) Quand l’indicible survient et que la vie bascule à jamais, continuer à vivre est une option terrible. « C’était une autre défaite, cette possibilité de guérir. » (p. 199)
Je choisis de ne pas trop en dire pour vous laisser découvrir les histoires croisées de Cerise et Anna. Vient un moment, évidemment, où ces femmes se rencontrent, autour des enfants, mais surtout autour de leur détresse. « On est tellement seules, dans notre rôle de mère. » (p. 274) Le roman dépeint la solidarité des femmes entre elles, sans angélisme ni bons sentiments. Il montre aussi une Amérique dangereuse et impitoyable avec les plus fragiles. « Elle pleura parce qu’elle était épuisée, […] parce qu’elle était inquiète et triste, et parce qu’elle ne savait plus tomber amoureuse de la lumière. » (p. 187)
De la même autrice, j’avais lu avec enthousiasme l’excellent Dans la forêt. Et si le thème de l’avortement traité en littérature vous intéresse, je vous recommande Un livre de martyrs américains de Joyce Carol Oates.