Roman graphique de Catel Muller et Jose-Louis Bocquet.
Après une enfance entre la France, le Chili et la Suisse, la jeune Alice Guy, orpheline de père, est employée aux écritures dans une compagnie de matériel photographique. Elle devient la secrétaire de Monsieur Gaumont et ainsi commence sa carrière dans le cinéma. Cet art vient de naître et les technologies se disputent la première place. Alice, infatigable travailleuse et visionnaire pleine d’imagination, sait que le cinématographe est un moyen fabuleux de raconter des histoires. « Je crois que je saurais ordonner les mouvements et concevoir une scène. J’ai toujours aimé le théâtre. » (p. 122) Après le succès de La fée aux choux, Alice Guy réalise des centaines de films, en une bobine, puis trois, cinq, six, etc. À l’époque, le cinéma s’invente à chaque film et les progrès sont constants et incessamment considérables. La réalisatrice ne se laisse jamais intimider par ses confrères, ni en France ni aux États-Unis. « Si je suis la seule femme de la profession, autant le faire savoir ! » (p. 233)
L’ouvrage évoque évidemment son mariage avec Herbert Blaché et ses enfants. Alice Guy a longtemps été oubliée par l’Histoire et par le cinéma. Son œuvre considérable et sa contribution indéniable au septième art sont progressivement mises au jour. J’avoue avoir découvert cette femme dans le premier numéro de la revue Sorociné : son parcours est étonnant et ne doit pas être oublié. L’ouvrage offre plus d’une soixantaine de pages regorgeant d’informations historiques et biographiques, ce qui est parfait pour approfondir la découverte de l’époque et de la vie d’Alice Guy. Ce roman graphique de Catel et Bocquet entre évidemment dans ma liste de lectures féministes et il prend place à côté de Olympe de Gouges, autre œuvre de ce duo d’auteur·ices.