Watchmen

Comics d’Alan Moore et Dave Gibbons.

Edward Blake, dit le Comédien, est retrouvé mort en bas de son immeuble. Ce héros masqué à la solde du gouvernement américain a un passé trouble. Pour Rorschach, autre héros qui agit dans la clandestinité, ce meurtre signe la réouverture d’une chasse aux sorcières contre les anciennes gloires de la justice. « Il y a le bien et il y a le mal, et le mal doit être puni. Même face à l’Armageddon, je ne céderai pas là-dessus. » (p. 28) Il tente de convaincre Le Hibou, Ozymandias et le Docteur Manhattan que tous les anciens justiciers sous costume sont en danger. « Quatre justiciers attaqués en onze jours, ce n’est pas un hasard. » (p. 246) Mais dans une époque où la troisième guerre mondiale semble sur le point d’éclater entre les États-Unis et la Russie, le devenir de quelques figures déclassées a peu d’importance. « Les rues : des caniveaux géants, et les caniveaux sont pleins de sang, et quand enfin les égouts refouleront, toute la vermine sera noyée. » (p. 5)

Voici le deuxième comics que je lis, après une première expérience adolescente. Le format de celui-ci est déconcertant et tout autant fascinant. Dans chaque chapitre, les pages de bande dessinée sont suivies de chapitres d’ouvrage qui complètent ce que les images ont esquissé. On remonte ainsi aux premières heures des justiciers masqués, nommés les Minutemen, et à leur triste déchéance. « De mon point de vue, une partie de l’art d’être un héros consiste à savoir quand il devient inutile d’en être un. » (p. 104) Suivent les hauts faits de la nouvelle génération de héros, pas forcément plus recommandable que la première. En lisant l’intégrale, et non les épisodes à mesure de leur parution, j’ai profité pleinement du lent déploiement de l’intrigue. Les auteurs nourrissent leur récit de critiques féroces contre la guerre du Vietnam, le libéralisme outrancier et les compromissions faites au nom de la défense nationale.

Chaque chapitre s’attache à l’histoire d’un des héros, ce qui donne lieu à des réflexions qui n’ont rien à envier à la mythologie ou à la philosophie. On voit se dessiner des surhommes que Nietzsche ne renierait pas et qui auraient aussi toute leur place dans une Iliade moderne. « On devient super-héros en croyant au héros en soi et en le convoquant à la surface de la personnalité par un acte de volonté. Croire en soi-même et en son propre potentiel est le premier pas qui conduit à concrétiser ce potentiel. » (p. 374)

Cette lecture est une expérience particulière de mon année littéraire 2023. (Non, mes billets de blog ne sont pas alignés sur ma consommation de livres…). Elle m’a donné envie de relire V pour Vendetta, le premier comics que j’ai lu.

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