Roman de Terry Pratchett.
« C’est quoi, un guet ? / Oh […] ils s’occupent de vérifier que les gens respectent la loi et font ce qu’on leur dit. » (p. 26) La renommée du Guet d’Ankh-Morpork est solide : les agents y sont des ratés, des ivrognes, des incompétents, des trouillards, des nigauds, des couillons placés là parce qu’aucune autre place n’était envisageable. « Comptez sur moi pour lui apprendre que c’est illégal d’arrêter les voleurs. » (p. 45) Aussi, quand Carotte, robuste nain de près de deux mètres (oui, je sais…), intègre le Guet et applique à la lettre les articles du règlement, son zèle secoue un peu Vimaire, Chique et Côlon. « Jamais dans toute la vie de Carotte on ne lui avait vraiment menti ni donné une consigne qu’il n’était pas censé prendre au pied de la lettre. […] Il ne lui serait jamais venu à l’idée, s’il devenait officier du Guet, de ne pas en être un bon. » (p. 30) Ce qui secoue encore plus cette garde foutraque, c’est qu’un dragon vitrifie des citoyens dans les ruelles, alors que tout le monde sait que les dragons ont disparu depuis longtemps (sauf ces derniers, apparemment…). Pour la première fois depuis longtemps, le Guet est sur une affaire. Un lien évident se fait avec le vol d’un livre de magie dans la bibliothèque de l’Université de l’Invisible et un cercle occulte qui voudrait rétablir la lignée royale d’Ankh-Morpork.
Après m’être régalée du cycle des sorcières, j’attaque donc le cycle du Guet. Le grand Carotte m’est tout à fait sympathique, avec son esprit premier degré, certes un peu limité, mais efficace. Vimaire est une belle réécriture du vieux flic désabusé dans un service qui dysfonctionne, mais qui retrouve son flair, aiguillonné par une jeune recrue qui lui rappelle les fondements du métier. « Il y avait eu crime. Des sens dont Vimaire se croyait dépourvu, d’antiques sens de policier, lui redressaient les poils du cou et lui disaient qu’il y avait eu crime. » (p. 145) J’ai surtout un authentique coup de cœur pour Dame Ramkin, aristocrate qui sait que la vraie noblesse n’est pas affaire de parure, mais d’autorité. J’étais un peu triste d’avoir quitté Nounou Ogg : je trouve en Sybil Ramkin une femme de la même trempe. Me revoilà hameçonnée par Terry Pratchett !