Roman de Michael McDowell.
Le premier jour de l’année 1882, le meurtre d’un notable secoue New York. Pour le juge Stallworth et son gendre avocat, Duncan Phair, c’est l’occasion rêvée de demander l’éradication du Triangle Noir, cet ensemble de quartiers où règnent le vice, le danger et le crime. Nettoyer cette partie de la ville nourrit leurs visées politiciennes et leurs ambitions personnelles et serait une belle façon de discréditer les Démocrates qui occupent l’Hôtel de Ville. Cette opération de grande ampleur est soutenue par un journal qui publie ainsi ses meilleures pages. « Le Tribune innovait, éventrait les pavés de la ville pour révéler au grand jour l’enfer aux murs brûlants et éclairés de lanternes rouges qui, fourmillant de répugnants monstres glapissants, grouillait sous leurs pieds. »(p. 93) Cette agitation policière, judiciaire, médiatique et moralisatrice ne fait pas les affaires de Lena Shanks, matriarche criminelle et receleuse, mère d’une avorteuse et d’une meurtrière et grand-mère de deux mômes voleurs et menteurs. « Lena commença à penser que les Stallworth s’étaient tous ensemble dressés contre elle et les siens, menaçant non seulement leur gagne-pain, mais aussi leur liberté. » (p. 115) Cependant, Lena la Noire a un vieux compte à régler avec le juge Stallworth. Ainsi, deux familles s’opposent, entre justice et vengeance.
Comme dans Katie, l’auteur prend plaisir à lancer une famille de scélérats contre la bonne société, mais ici avec plus de jubilation dans le mal et le crime. Les représailles de la très rancunière Lena n’épargnent personne, donc ne vous attachez pas aux « gentil·les », car ces dernier·es ne sont pas loin d’être aussi pourri·es que les malfrats du Triangle Noir. « Il fallait être chanceux et travailleur pour survivre à ces vicissitudes. La vertu n’y avait aucune place. » (p. 66) J’ai dévoré ce roman avec délectation : voilà une lecture parfaitement doudou, délicieusement immorale.
Je me le note !
Très bonne idée ! 😀