Les grands vivants

Récit de Claudius Pan.

Le narrateur-auteur est un très jeune homme quand il quitte la France pour rejoindre une communauté de marginaux dans les bois des États-Unis. Là-bas, il y a des Grands Vivants, des Fées, des Pirates. Il y a Allan, Jacob, le Fou et beaucoup d’autres, autant de rencontres fondatrices et émancipatrices grâce auxquelles le garçon devient Claudius Pan. « La poésie grignote le réel. » (p. 34) Dans le Royaume, monde d’artistes, de personnalités hautement spirituelles et de queers libres et libérés, Claudius entame sa quête d’identité, rompt avec le commun, passe de l’autre côté du banal et achève sa transformation. « Je m’en vais retrouver la magie la plus ancienne, l’essence de la vie. C’est cette force qui ravivera ma flamme. » (p. 18) Inexorablement, le jeune homme se déleste de son enfance dure et triste, de ses deuils et amours mortes et il rebâtit la cathédrale intérieure qui est autant sa prison que son refuge. De transes en rêves profonds, Claudius Pan s’attache à apporter de la beauté dans le monde et à soigner celleux qui ont besoin de chaleur.« L’humanité retombe toujours dans ses ténèbres, il lui faut des éclaireurs. » (p. 116) Hélas, là-bas comme partout, aucun royaume n’est éternellement protégé : celui des Grands Vivants est menacé par la haine qui naît de l’incompréhension, par l’homophobie, par le VIH.

En convoquant David Bowie à la deuxième phrase de son texte, l’auteur m’a attrapée et ne m’a pas lâchée, et ce alors que certaines pages débordent d’une violence à peine tolérable. Oui, je supporte celle que montre Stephen King parce que je peux prendre de la distance avec les monstres : la violence du réel m’est bien plus abominable. Mais Claudius Pan ne raconte pas le sordide par seul désir macabre : montrer le laid, c’est souligner le beau, le sublimer et prouver combien il est nécessaire de le répandre. Le style est fort, percutant et audacieux : voilà un auteur à suivre !

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3 réponses à Les grands vivants

  1. Lydia dit :

    En plein dans le mille ! Ma curiosité est à son comble ! 😄

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