
Bande dessinée créée dans le cadre de l’exposition organisée par les Archives nationales du monde du travail. Dessins des élèves de l’école Piktura.
EN 1875, Fortuné décide de rejoindre les rangs des ouvriers d’usine et de devenir peigneur à la filature : c’est la seule façon d’échapper à la misère. « Tu travailleras 6 jours à raison de 4 francs par jour, de 5 h 30 à 19 h. » (p. 14) En 1896, Blaise découvre avec douleur comment le travail blesse et peut, par ricochet, tuer les plus faibles. « Le risque est aussi aggravé par l’absence de réglementation : en cas d’accident, c’est l’ouvrier qui est considéré comme fautif. Sans indemnisation, il se retrouve alors sans ressources et peut sombrer dans la misère. » (p. 28) En 1919, Marthe est domestique dans une maison bourgeoise. Elle se réjouit de retrouver son époux, revenu de la guerre. Mais l’heure n’est pas complètement aux réjouissances : il faut chaque jour gagner son pain et les loisirs sont rares. En 1931, Marius et tant d’autres n’en peuvent plus des bas salaires pratiqués par les patrons. C’est la grève, et les ouvrier·es tiendront aussi longtemps qu’il faudra pour avoir gain de cause. Hélas, les promesses des riches seront loin de suffire, surtout si elles ne sont pas tenues. En 1958, Suzanne suit une formation d’infirmière et attend les papiers qui lui permettront d’épouser son fiancé belge. Mais à Roubaix, la vie reste précaire : il est peut-être temps d’aller voir ailleurs si l’existence peut être plus douce.
Chaque chapitre est dessiné par des élèves artistes différents. On suit ainsi plusieurs générations d’une même famille, celle-ci étant finalement très universelle : c’est la famille des travailleur·euses et des petites gens. Chaque bonheur est bon à prendre, mais rien ne fait jamais vraiment oublier l’usine et le labeur. Cette bande dessinée est un ouvrage très émouvant : si les portraits sont fictifs, l’Histoire est réelle et peuplée de ces millions d’anonymes qui méritent l’hommage qui leur est rendu.
L’exposition est visible dans le grand hall du rez-de-chaussée des ANMT jusqu’au 31 mai 2026.