La dernière vague

Récit autobiographique de Charles Biétry.

Charles Biétry est né le 5 novembre 1943. Il a 81 ans quand il entreprend de raconter son histoire. 81 ans, c’est une longue vie, avec beaucoup à dire : l’enfance, les études, le métier de journaliste – d’abord pour l’AFP, puis chez Canal+ ou encore France Télévisions –, la vie de famille, et puis la mort qui s’approche sous les traits de la maladie de Charcot. La passion de Charles Biétry, c’est le sport : empêché de le pratiquer à un niveau professionnel, il en fait tout de même son quotidien. « Je serai donc journaliste. Un moyen par défaut de fréquenter le haut niveau sans en faire partie. » (p. 21) Entre deux souvenirs sportifs, l’homme raconte les vagues sur la plage de Carnac, longues et belles comme tous les moments d’une vie. Il se sait en sursis, en attente de l’ultime déferlante qui s’échouera sur la grève de son existence. Face au ressac empêché d’une respiration de plus en plus incertaine, l’ancien journaliste jette les mots dans son traitement de texte : il est urgent de tout dire avant d’envisager l’apaisement d’une mort assistée. « Je comprends ce qui me gagne : toujours pas la peur de mourir, mais la peur d’avoir peur. » (p. 94)

Charles Biétry raconte avec gratitude. Il remercie pour les rencontres et les échanges, pour la chance ou le hasard d’avoir été au bon endroit à l’instant propice, pour la vie simple et heureuse avec ses proches et pour la vie frénétique à suivre des compétitions nationales, internationales et olympiques. Homme de mots, il a le sens de la chute, de la phrase finale pour chaque chapitre. Il a aussi le sens du beau quand il parle de l’océan et de sentiments. « Notre amour ne disparaîtra pas. L’éternité n’est pas assez longue pour que je l’oublie. » (p. 176) Son récit, dernière prise de parole avant que la maladie ne paralyse ses poumons, est un concentré d’émotion et de sincérité. Chaque souvenir est brandi comme autant de digues dressées pour retarder la dernière vague. « Depuis mon père au siècle dernier jusqu’à mes petits-enfants aujourd’hui, le ballon a toujours roulé dans le sens de la vie. Dommage qu’il s’arrête pour moi… » (p. 199) J’ai lu les mots de Charles Biétry avec un cœur gonflé de chagrin anticipé : l’homme se sait mourant et, s’il ne croit pas qu’un traitement sera trouvé assez tôt pour le sauver, il espère que la France lui permettra de partir dignement.

Livre lu dans le cadre du Prix Sport Scriptum 2025.

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