Le paradoxe des jumeaux

Essai de René Zazzo.

Cet ouvrage commence par un entretien avec Georges et Laurence Pernoud et un autre avec Michel Tournier, notamment sur son roman Les météores, très inspiré des théories de René Zazzo. Suivent des chapitres plus scientifiques, largement agrémentés de chiffres et de graphiques. L’auteur transcrit également des témoignages de jumeaux, lui qui en a tant interrogés, sur le langage secret ou la sexualité. Il explore des exemples bibliques, mythologiques et littéraires, prouvant – si cela était nécessaire – que le sujet fascine les arts et les sciences. « Mais ce qu’il nous importe de souligner, c’est que jamais et nulle part la gémellité fut chose indifférente. » (p. 84) René Zazzo déconstruit l’illusion du double et démontre que les jumeaux sont un couple et non une paire, des individus et non des répliques. Il revient sur les fantasmes, les croyances et les craintes pour rassurer les futurs parents et apaiser les jumeaux adultes qui s’interrogent sur leur identité et leur singularité.

Ce livre a sans aucun doute vieilli, les données datant au mieux des années 1980, mais les propos restent très intéressants. Moi qui suis jumelle et n’ai connu que cela dans ma fratrie (vive les paires !), je réfléchis beaucoup aux implications que la gémellité a eues dans mon existence et la construction de mon moi adulte. Je retiens une phrase de René Zazzo au sujet des jumeaux bisexués: « Dans la majorité des cas, c’est la fille qui domine le garçon. » (p. 15) Pas tout à fait certaine que ce fut le cas pour moi et mon jumeau !

Je vous laisse avec quelques extraits tout à fait pertinents pour se faire une idée de la pensée de René Zazzo.

« Le paradoxe des jumeaux, c’est celui qui éclipse ou englobe tous les autres : les jumeaux identiques ne sont pas identiques psychologiquement. » (p. 8)

« Tout être humain […] est un être singulier, une personne, et les jumeaux ne font pas, ne peuvent pas faire, exception à la règle. Alors chaque enfant, même jumeau, porte en lui les signes d’une singularité imprescriptible. En somme, pour lui, le mérite des jumeaux est d’illustrer envers et contre tout, contre les puissances de l’hérédité, contre les pouvoirs du milieu, le principe de singularité. » (p. 20)

« Deux idées sont fondamentales dans ma contribution à la psychologie des jumeaux : les jumeaux sont des couples excessifs et non d’exception, l’individuation des jumeaux est un paradoxe puisqu’elle s’affirme en dépit des pouvoirs de l’hérédité et du milieu. » (p. 43)

« L’adjectif faux sonne de façon désobligeante – les « faux » jumeaux sont de vrais enfants, mais aussi de vrais jumeaux, puisque engendrés et nés en même temps. » (p. 85)

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