Bande dessinée d’Hubert et Zanzim.
Bianca a 18 ans. Ses fiançailles avec Giovanni sont annoncées. Mais dans l’Italie de la Renaissance, on parle bien peu des choses de l’amour aux jeunes filles. « Comme par hasard, ce sont toujours les femmes qui en prennent pour leur grade… alors que par nature ou par éducation, les femmes sont bien plus pudiques que les hommes, qui se comportent souvent comme des animaux. » (p. 93) Bianca aurait aimé connaître son futur époux avant les noces. Par chance, un secret de famille va lui offrir une liberté totale. De génération en génération, une peau d’homme se transmet entre femmes. Une fois enfilée, cette peau est fonctionnelle jusqu’au bout de tous ses organes. Ainsi accoutrée, Bianca peut courir la ville et suivre son fiancé, découvrir l’homme qu’il est vraiment et s’initier à l’amour. Hélas, la cité succombe peu à peu à la folie fanatique professée par Angelo, frère de Bianca et prédicateur furieux obsédé par la vertu, et encore plus par le vice. « J’ai un corps et je n’en ai pas honte. En soi, il n’est ni bon ni mauvais. Ce n’est pas lui le problème : c’est ton regard qui est sale ! […] C’est ta concupiscence qui te fait voir les femmes comme des tentatrices lubriques. C’est parce que tu es obnubilé par ton propre désir que tu les veux couvertes de la tête aux pieds. » (p. 124)
Je voulais lire cette bande dessinée depuis sa sortie. Et quelle claque ! Sans tabou ni condescendance, les auteurs parlent de liberté de genre, d’homosexualité, d’identité sexuelle, d’acceptation de soi et de la différence. C’est brillant et souvent drôle, même et surtout quand ça s’attaque à l’étroitesse d’esprit des défenseurs autoproclamés de la morale.